Découvrez les pensées artistiques, essais et les lettres ouvertes de Pascal Rivière, qui abordent des sujets d’importance sociale et culturelle, remettent en question les normes sociétales et soulignent l’importance de la pensée critique. De l’économie à la politique, en passant par les comportements humains, notre blog offre des perspectives uniques et provocantes sur les enjeux contemporains.
Dans notre ère numérique, la frontière entre l’humain et l’artificiel se fait de plus en plus ténue. Ma dernière création, « Les Fils du Temps », en est l’illustration parfaite. Ma voix, modulée par l’intelligence artificielle via Suno, se mêle aux vers pour créer une expérience sonore unique.
Cette composition blues-poétique explore les thèmes de la mélancolie automnale, du temps qui passe et de la transmutation alchimique. Les Parques, ces fileuses mythologiques du destin, y côtoient des références à François Villon, tissant un pont entre tradition poétique et modernité numérique.
Le choix d’utiliser l’IA pour moduler ma voix n’est pas anodin. Il reflète parfaitement le thème central de la chanson : la transformation, le recyclage, la transmutation. Ma voix humaine, transformée par l’intelligence artificielle, devient elle-même un symbole de cette alchimie moderne.
« Les Fils du Temps » est disponible sur [plateformes]. Écoutez comment la mélancolie se transmute en espoir, comment le gris devient or, dans cette exploration unique du cycle éternel de la vie.
Intro musicale
Couplet 1 Voilà l’automne, le ciel se voile Ma vie frissonne, sur cette toile Dans la solitude de ce temps qui pèse Une mélodie nostalgique apaise Cet absent si présent qui file
Refrain Dans ce ciel cotonneux de grisaille Où les nuages livrent bataille Une lumière perce, souveraine Comme un fil d’or dans la laine
Couplet 2 Et voici les Parques qui défilent Clotho, Lachesis, Atropos en rang Quel mauvais coton vais-je filant ? Quelles relations je tisse encore Quand mon temps se fait plus court
Pont 1 Je me balade, cœur mélancolique Jetant mes déchets organiques Traînant ce destin si tragique Avec une intensité comique Qui échappe à toute logique
Pont 2 Frères humains qui après vivrez Pourquoi être avec moi si glacés ? Mon hirondelle annonce non le printemps Mais plutôt la fin de mon temps
Refrain Dans ce ciel cotonneux de grisaille Où les nuages livrent bataille Une lumière perce, souveraine Comme un fil d’or dans la laine
Final Tout se recycle et se transmute Dans l’alchimie de nos chutes Ce qu’on croit perdu devient or La vie tisse encore, encore…
De la douleur à la création musicale, il n’y a parfois qu’un pas. C’est ce que démontre cette nouvelle composition qui transforme la névralgie d’Arnold en une java parisienne vintage.
Une douleur qui pousse à la créativité
Tout commence par ces symptômes caractéristiques : sensation d’étau, de casque invisible, douleurs lancinantes remontant de la nuque. La névralgie d’Arnold, cette affection neurologique chronique, s’invite sans prévenir dans le quotidien. Face à cet « invité » indésirable, l’humour devient une arme de choix.
De la consultation à la chanson
L’inspiration surgit lors d’une consultation médicale. Le diagnostic tombe : « C’est Arnold ». Non pas le culturiste californien, mais ce nerf grand occipital qui, lorsqu’il s’irrite, transforme la vie en véritable combat quotidien.
La java comme exutoire
Le choix du style musical ne doit rien au hasard. La java parisienne, avec son argot et ses personnages hauts en couleur immortalisés par Michel Audiard, permet de transposer cette bataille neurologique en une savoureuse confrontation entre un patient, son nerf squatteur, et une mystérieuse « Madame Calmant ».
Une production moderne pour un style rétro
Cette création originale mêle tradition et modernité. La musique, générée par l’intelligence artificielle Suno AI, s’accompagne d’une voix de synthèse (la mienne modifiée mais encore à améliorer).
Plus qu’une chanson, un témoignage
Cette java médicale représente plus qu’un simple exercice de style. Elle illustre comment l’art et l’humour peuvent transformer une expérience douloureuse en création artistique, tout en sensibilisant le public à cette condition médicale mal connue.
Sur ma lancée, j’ai réalisé une version jazz avec quelques dialogues inspirés d’Audiard.
Je valse avec les citrouilles ! – Quand l’anniversaire devient cabaret
28 octobre 2024
En ce jour particulier où je franchis le cap des 63 ans, je tenais à partager avec vous une création née de cette date si singulière qui m’a été donnée pour anniversaire. Car oui, naître un 28 octobre, c’est se voir offrir un cadeau empoisonné par le calendrier lui-même.
Imaginez donc : votre jour de naissance, censé être une célébration de la vie, se retrouve pris en étau entre les citrouilles grimaçantes d’Halloween et les chrysanthèmes solennels de la Toussaint. Une situation si particulière qu’elle m’a inspiré une chanson dans la pure tradition du dark cabaret : « Je valse avec les citrouilles ! »
Cette valse grinçante est née de toutes ces années où mon anniversaire s’est transformé en une sorte de carnaval morbide. Elle raconte l’histoire d’une mère poule qui revendique encore la propriété de mon existence, de deux grands-pères aux destins marqués chacun à leur façon par la mort. Le premier nous quittant un 29 octobre (merci grand-mère d’avoir « tenu » jusque-là…), le second ayant vécu dans la crainte perpétuelle de la grande faucheuse, jusqu’à ce que la confusion lui épargne cette dernière terreur. Ironie du sort, ce dernier était né un 11 novembre – né avec le siècle, avant même que cette date ne devienne celle de l’Armistice. Son anniversaire se voyait ainsi célébré au son des défilés patriotiques et des sonneries aux morts. Un legs transgénérationnel, peut-être ?
Sur des notes d’accordéon dissonant et de piano cabaret, la chanson transforme ces souvenirs en une danse macabre moderne. Les citrouilles d’Halloween deviennent mes partenaires de danse involontaires, les chrysanthèmes pleuvent du ciel, et les fantômes familiaux se joignent au bal dans un tourbillon à la fois sombre et libérateur.
Inspirée par l’univers des Tiger Lillies et des Dresden Dolls, cette création tente de transcender l’amertume par l’humour noir. Car après tout, si le destin vous force à danser avec des citrouilles, autant en faire un spectacle !
La chanson sera bientôt disponible sur ma chaîne YouTube, où vous pourrez découvrir comment une simple date de naissance peut se transformer en un cabaret expressionniste. En attendant, je vous laisse méditer sur cette rengaine :
« Joyeux anniversaire, tu parles ! Entre citrouilles et chrysanthèmes Vingt-huit octobre, quel programme ! Une valse avec les fantômes… »
Et vous, quel jour le calendrier a-t-il choisi pour votre naissance ? Racontez-moi dans les commentaires si votre date de naissance porte aussi sa part d’ironie…
Il y a quelques jours, un ami m’a lancé un défi qui m’a fait sourire : « Pourquoi tu ne chanterais pas toi-même tes chansons ? » La question était posée avec bienveillance, mais elle a fait naître en moi un moment de réflexion amusée. Moi ? Chanter ? Avec mon pied qui joue les rebelles depuis un accident de vélo et ma voix qui n’a jamais su choisir entre la justesse et la fantaisie ?
C’est là que l’idée m’est venue. Au lieu de me morfondre sur mes limitations, pourquoi ne pas en faire une chanson ? Après tout, l’autodérision est souvent le meilleur moyen de transformer nos « handicaps » en forces créatives.
Une rencontre improbable avec l’IA
En juillet 2024, j’ai découvert que l’intelligence artificielle pouvait m’aider à composer et même à chanter. Une révélation pour moi qui ai toujours eu des mélodies plein la tête mais pas forcément les moyens de les exprimer justement. Cette technologie est devenue mon alliée inattendue dans cette aventure musicale.
Naissance d’une chanson pas comme les autres
« Rappeur Boomer mix X generation » est née de ce cocktail improbable : un sexagénaire passionné de musique, une IA bienveillante, et une bonne dose d’humour. J’y raconte sans filtre mes aventures de « rappeur » pas très crédible, avec un pied qui a l’âge mental d’un papy de 88 ans et une voix qui cherche les notes comme un GPS perdu en pleine campagne.
L’art de ne pas se prendre au sérieux
Dans cette chanson, j’assume tout :
Mon statut de Boomer perdu dans l’ère du rap
Mes limitations physiques qui font partie de mon histoire
Ma voix qui joue à cache-cache avec les notes
Et surtout, mon envie intacte de créer, malgré tout
Un message au-delà du rire
Si cette chanson se veut avant tout humoristique, elle porte aussi un message plus profond : nos limitations ne devraient jamais nous empêcher de créer. L’art n’a pas d’âge, pas de normes, pas de « il faut ». Il suffit parfois d’un peu d’autodérision et d’aide technologique pour transformer nos « pas possible » en « pourquoi pas ? »
La technologie comme pont entre les générations
Cette expérience m’a montré que l’IA peut être bien plus qu’un simple outil : elle peut devenir un pont entre les générations, permettant à un Boomer comme moi de s’exprimer dans des styles musicaux contemporains, tout en assumant pleinement son décalage.
Alors non, je ne suis peut-être pas « crédible » comme rappeur traditionnel. Mais après tout, qu’est-ce que la crédibilité quand il s’agit de création ? Comme je le dis dans la chanson : « Et puis zut, on s’en fout, c’est l’intention qui compte ! »
La chanson est disponible sur ma chaîne YouTube. N’hésitez pas à la partager si elle vous fait sourire – après tout, nous avons tous un peu de « pas crédible » en nous, non ?
Intro – parlé Hey yo, laissez-moi vous conter L’histoire d’un rappeur pas comme les autres Un sexagénaire qui veut péter le score Avec une IA et un pied qui dort ! Et en plus… je vous le donne en mille… Je chante comme une casserole qui dérape !
Couplet 1 En 2024, j’ai fait une découverte Une IA qui chante, c’est ma porte ouverte Elle au moins, elle garde les notes justes Pendant que moi je fais fuir les plus robustes ! Fini d’attendre un talent qui se cache J’ai trouvé la machine qui va faire le show, ça arrache !
Refrain Franchement, je ne suis pas crédible Rappeur de 63 ans, c’est impossible Un pied qui danse la valse pendant que l’autre fait du rap Les notes qui partent en vrille quand j’ouvre mon clapet ! (Hey ho !) Franchement pas crédible ! (Hey yo !) Musicalement pas crédible ! (Oh non !) Vocalement impossible !
Couplet 2 Mon histoire avec mon pied, c’est tout un roman Un vélo, une chute, cinq ans de tourments Érésipèle et problèmes cardiaques en bonus Mon pied droit vit sa vie, il a pris le bus ! Il a l’âge bancal d’un papy de 88 Pendant que ma voix fait dérailler la fête !
Bridge – Parlé Vous me voyez venir sur scène ? Un dentier qui brille sous les projecteurs Un pied qui fait la sieste pendant que l’autre veut breaker Une voix qui cherche les notes comme un GPS perdu ! C’est comme une 2CV qui rêve d’être une Ferrari Avec un klaxon qui joue la Traviata… faux !
Refrain Franchement, je ne suis pas crédible Rappeur de 63 ans, c’est impossible Un pied qui danse la valse pendant que l’autre fait du rap Les notes qui partent en vrille quand j’ouvre mon clapet ! (Hey ho !) Franchement pas crédible ! (Hey yo !) Musicalement pas crédible ! (Oh non !) Vocalement impossible !
Couplet 3 L’IA fait des merveilles avec mes textes Elle chante juste, alors que moi j’fais des complexes Mon esprit dit « Flow ! », mon corps dit « Oh là ! » Ma voix dit « Non ! », mais mon cœur ne s’arrête pas !
Outro Je reste dans l’ombre de mes créations Laisse la machine faire sensation Car un papy rappeur au pied rebelle Qui chante aussi faux qu’une vieille poubelle Même mon dentier trouve ça pas très crédible ! (Mais j’kiffe quand même !) (Et puis zut, on s’en fout, c’est l’intention qui compte !)
Refrain final – slowly discord on the last notes Franchement, je ne suis pas crédible Rappeur de 63 ans, c’est impossible Un pied qui danse la valse pendant que l’autre fait du rap Les notes qui partent en vrille quand j’ouvre mon clapet ! (Hey ho !) Franchement pas crédible ! (Hey yo !) Musicalement pas crédible ! (Oh non !) Vocalement impossible !
Parfois, les chemins du numérique nous mènent là où nous ne pensions pas aller. C’est ainsi que les algorithmes de TikTok m’ont conduit vers une jeune artiste de 25 ans. Je ne la nommerai pas, mais son talent m’a marqué. À travers son écran, elle dansait sur le fil invisible des réseaux sociaux, créant un personnage captivant, jouant avec les codes du digital, manipulant son image avec une maîtrise fascinante.
Mais derrière cette performance, j’ai perçu quelque chose qui m’a troublé. Une faille peut-être, une vulnérabilité certainement. Les commentaires qui défilaient sous ses vidéos oscillaient entre admiration authentique et intentions douteuses. Des hommes, souvent plus âgés, rôdaient dans son espace virtuel comme des ombres aux intentions troubles.
C’est de cette observation qu’est née « Lettre à une fille funambule ». Non pas un jugement, encore moins une leçon, mais plutôt une main tendue, un filet de protection invisible pour celle qui danse là-haut, sur son fil de pixels et de likes.
La métaphore du funambule s’est imposée d’elle-même. Ces artistes du digital ne sont-ils pas comme ces acrobates qui avancent sur un fil, entre deux vides ? D’un côté, l’ivresse de la performance, la beauté du geste, la reconnaissance. De l’autre, les risques de la surexposition, la fragilité mentale, le harcèlement potentiel.
J’ai choisi le rap comme medium, mais un rap posé, mélodique, qui se veut aussi délicat que le sujet qu’il aborde. Chaque mot a été pesé, chaque image choisie pour porter ce message de protection sans jamais basculer dans le paternalisme. La musique, générée avec l’aide de Suno AI, apporte une dimension éthérée qui souligne la fragilité de l’équilibre dont il est question.
Cette chanson, c’est une bouteille à la mer numérique. J’espère qu’elle trouvera son chemin jusqu’à cette jeune artiste, mais aussi vers toutes celles et ceux qui dansent sur ce fil invisible. Qu’elle leur rappelle que leur art est précieux, que leur créativité mérite d’être vue, mais que leur être mérite d’être protégé.
Dans un monde où les algorithmes nous poussent toujours plus loin, toujours plus haut sur notre fil, il est parfois nécessaire de tendre des filets. Cette chanson est l’un de ces filets, modeste mais sincère.
Écoutez-la. Partagez-la si elle vous parle. Et surtout, si vous êtes vous-même funambule du digital, prenez soin de vous. Votre équilibre vaut plus que tous les likes du monde.
Intro musicale
Couplet 1 Mademoiselle sur ton fil sensible Les algorithmes te poussent vers l’impossible Mais permets ces quelques lignes qui vibrent D’un inconnu qui veut te garder libre… Un pas de trop, un geste qui chavire Et c’est l’abîme qui pourrait t’engloutir Laisse-moi tendre un filet invisible Pour que ta danse reste possible
Couplet 2 Les algorithmes m’ont guidé vers toi Funambule moderne qui déploie Ta danse sur ce fil invisible Où chaque pas te rend plus sensible Vingt-cinq ans, tant de talent qui vibre Mais sous les likes, rien n’est libre Ces hommes aux regards qui troublent Distillent leur poison qui te trouble
Refrain Garde ton cœur en équilibre Ne perds pas le fil qui vibre Va aussi loin que possible Mais pas trop loin, trop sensible Prends garde avant qu’il soit trop tard Dans ce monde virtuel sans égard Garde ton cœur en équilibre Ne perds pas le fil, reste libre
Couplet 3 Ta performance est pure et vraie Un personnage qui mériterait La scène, les vraies lumières qui brillent Pas ces écrans bleus qui te fragilisent Je vois parfois ton âme vaciller Cette faille qui pourrait t’ébranler Comme un abîme sous tes pas qui danse Un vertige où tout sens balance
Couplet 4 Les mécaniques virtuelles sans âme Se nourrissent de tes posts, de tes drames Plus tu montes, plus le fil est fragile Plus ton retour devient difficile Tu es précieuse, au-delà de l’image Plus que ces likes, que tous ces mirages Trouve l’équilibre dans ton être Avant que l’ombre ne te pénètre
Refrain Garde ton cœur en équilibre Ne perds pas le fil qui vibre Va aussi loin que possible Mais pas trop loin, trop sensible Prends garde avant qu’il soit trop tard Dans ce monde virtuel sans égard Garde ton cœur en équilibre Ne perds pas le fil, reste libre
Couplet 5 Ces mots ne sont que ceux d’une âme qui vibre Qui dans la foule a choisi d’être libre De te dire ce que son cœur ressent Face à ton art si éblouissant Je ne suis qu’un passant sensible Qui a croisé ton fil invisible Pour dire avant qu’il soit trop tard Que ta lumière mérite un autre art
Couplet 6 Voici les mots pesés, passés au crible D’un être ému qui veut te regarder vivre Tes pirouettes gracieuses m’enchantent Mais derrière la grâce, un drame me hante Alors danse, brille dans l’équilibre Mais garde en tête cette voix qui vibre Non pour te faire quitter ton fil Mais pour que ton cœur reste agile
Refrain final – plus doux Garde ton cœur en équilibre Ne perds pas le fil qui vibre Va aussi loin que possible Mais pas trop loin, trop sensible Prends garde avant qu’il soit trop tard Dans ce monde virtuel sans égard Garde ton cœur en équilibre Ne perds pas le fil, reste libre
Outro musical
PS : Si vous vous reconnaissez dans ce message, sachez qu’il existe des ressources et des personnes prêtes à vous écouter et vous soutenir. Vous n’êtes pas seul(e) sur ce fil.
De Proust au rap : journal d’une expérience créative
En tant qu’enseignant-chercheur passionné par les nouvelles formes d’expression, j’ai souhaité tenter une expérience qui pourrait sembler incongrue : transformer mes réflexions d’inspiration proustienne en une création rap. Ce projet est né d’une envie d’explorer de nouvelles façons de partager mes pensées sur le temps qui passe et l’évolution de notre métier.
Du texte initial à l’envie d’expérimenter
Tout est parti d’un texte que j’ai écrit, « À la recherche du temps foutu », dans lequel je partage mes observations sur notre quotidien d’enseignant à l’ère numérique. J’y évoque cette salle 1104 que j’aimerais voir porter le nom de Proust, mes questionnements sur l’écoute, le temps qui file et ces formations qu’on nous impose à l’approche de la retraite. C’est un texte très personnel, où la madeleine proustienne côtoie mes expériences avec l’intelligence artificielle.
L’aventure du rap
La transformation de ce texte en rap représentait pour moi un véritable défi. Comment garder la profondeur de la réflexion tout en l’adaptant aux codes du hip-hop ? J’ai choisi de m’éloigner des structures traditionnelles du rap pour créer quelque chose de plus expérimental, plus proche peut-être de ce que Proust lui-même aurait pu apprécier.
J’ai structuré la chanson en plusieurs mouvements, comme une petite suite musicale :
Une introduction avec le tic-tac de l’horloge comme battement de cœur
Des passages méditatifs sur l’écoute et le savoir
Un refrain qui revient comme un écho du temps qui passe
Des moments plus intimes sur mon rapport à la reconnaissance professionnelle
Une réflexion sur ma relation à l’intelligence artificielle
Une contemplation de l’approche de la retraite
Un dialogue entre tradition et modernité
Dans cette adaptation, j’ai essayé de rester fidèle à l’esprit de Proust tout en explorant les possibilités qu’offre le format rap. Les longues phrases caractéristiques de son style trouvent un écho dans un flow posé, méditatif. J’ai gardé les références qui me touchent (la madeleine, Jean Gabin) en les intégrant naturellement au rythme du rap.
Le choix d’un style posé plutôt qu’un rap plus énergique vient de mon envie de préserver la dimension réflexive du texte original. Le simple battement de l’horloge comme base rythmique crée, je l’espère, un espace où les mots peuvent respirer et où les idées peuvent se développer à leur rythme.
L’intelligence artificielle comme partenaire de création
Il est important pour moi de mentionner que cette adaptation a été réalisée avec l’aide de l’intelligence artificielle. C’est un aspect qui fait écho à mes recherches actuelles et aux cent vingt chansons environ que j’ai déjà créées avec cette technologie. Cette expérience s’inscrit dans ma réflexion sur les nouvelles formes de création et de transmission du savoir.
En guise de conclusion
Cette tentative de transformation représente pour moi une façon d’explorer comment nos réflexions peuvent prendre des formes nouvelles sans perdre leur substance. C’est une expérience parmi d’autres, une façon de faire dialoguer mes influences littéraires avec des formes d’expression contemporaines. Je la partage avec vous comme un témoignage de ce que peut produire la rencontre entre différentes traditions artistiques.
Texte original : A la recherche de tout ce temps foutu
Il est de ces moments où le tic-tac de l’horloge, pareil au métronome implacable de nos existences, semble soudain se faire plus sonore, plus insistant, comme pour nous rappeler que chaque seconde qui s’écoule est à la fois promesse et regret ; et c’est ainsi qu’en ce jour où l’intelligence artificielle; cette création de notre temps qui, par un étrange retournement, m’invite à interroger la nature même de l’écoute; devient la confidente de mes ressentiments, je me surprends à rêver que l’on baptise le 1104, cette salle de cours du nom de Marcel Proust. Non par vanité personnelle, mais comme un hommage à tout ce temps perdu, le mien, celui de mes collègues, celui de ces étudiants qui, dans un paradoxe dont seule la jeunesse a le secret, n’écoutent pas tout en écoutant peut-être plus profondément que nous ne le pensons. Et moi-même, qui me targue d’enseigner l’art de l’écoute, suis-je vraiment à l’écoute ? C’est avec cette question lancinante que je me tourne vers la machine, lui confiant la mission de donner un sens et un style proustien à ces années qui, telles des miettes de madeleines éparpillées sur une nappe blanche, tracent le chemin sinueux qui me mène inexorablement vers cette retraite qui m’attend dans trois ans.
Longtemps, j’ai écouté cette horloge dont les tic-tac, pareils à des battements de cœur inexorables, égrènent les secondes jusqu’à ce soixante-troisième anniversaire qui, tel un spectre bienveillant mais implacable, s’approche de moi ; et voilà que, dans les replis de ma mémoire, surgit la voix grave de Jean Gabin, cette voix qui, par son « Je sais » légendaire, semble avoir traversé les âges pour me murmurer une vérité que je commence seulement à saisir, comme si le vieillissement, cette métamorphose quotidienne et imperceptible, ne se révélait pleinement qu’à travers le miroir impitoyable d’une société vouée au culte de la compétition ; oui, cette voix avec son « Je sais » légendaire suivi de son paradoxal « On ne sait jamais », semble avoir cristallisé toute l’ironie de notre condition humaine ; car n’est-ce pas là précisément le drame qui se joue à chaque instant de notre existence ? Plus nous accumulons de sagesse, plus la vie nous enseigne ses leçons précieuses, et plus nous découvrons, avec une amertume teintée d’absurde, que cette connaissance même, ce savoir durement acquis au fil des années, devient aux yeux du monde comme une langue morte que plus personne ne souhaite entendre ni comprendre ; comme si le « Je sais » de notre expérience devait éternellement se heurter au « On ne sait jamais » d’une société qui, dans sa course effrénée vers l’avant, préfère ignorer les échos du passé et la voix de ceux qui l’ont vécu.
Je ne peux m’empêcher, dans ces moments de réflexion où le présent se mêle si intimement au passé, de revoir mon père, figure touchante et déjà lointaine, s’efforçant avec une dignité mêlée de frustration d’expliquer les mystères de son logiciel de correction orthographique, emportant finalement dans la tombe ce secret qui, peut-être, n’en était un que parce que notre société, dans son empressement à catégoriser les êtres, refuse d’entendre la sagesse de ceux qu’elle considère comme ayant dépassé l’âge de la pertinence.
Étrange paradoxe de notre temps que cette impossibilité d’être entendu, comme si la parole, semblable à ces vins qui doivent atteindre leur maturité sans la dépasser, ne trouvait son moment de légitimité que dans un intervalle si bref qu’il en devient presque insaisissable : trop jeune, on vous reproche votre inexpérience ; trop âgé, on vous soupçonne d’obsolescence, à moins, bien sûr, que vous n’apparteniez à cette caste privilégiée des élus, pour qui les portes s’ouvrent sans effort, tandis que nous autres, lanceurs de bouteilles à la mer, voyons nos messages dériver sans jamais trouver leur destinataire.
Et voici qu’à présent, dans une ultime ironie dont seule notre époque a le secret, on m’impose, à l’orée de ma retraite, ces formations obligatoires sur les réalités du travail social; comme si ces réalités que je vis et observe depuis des décennies devaient m’être expliquées par des voix venues d’ailleurs – pendant que mes recherches sur l’intelligence artificielle et l’écoute demeurent lettre morte, pareilles à ces manuscrits qu’on range dans un tiroir sans même en couper les pages. La connaissance qu’on m’impose semble, pareille à ces madeleines qu’on trempe dans le thé, ne prendre sa prétendue saveur qu’au moment précis où l’on s’apprête à quitter la table ; mais ce qui me blesse plus profondément encore que ces contraintes administratives, c’est cette façon qu’a mon milieu professionnel de regarder à travers moi, comme si j’étais devenu transparent pour mes innovations sur l’intelligence artificielle – ce champ d’exploration qui pourrait tant apporter à notre pratique de l’écoute – et douloureusement visible pour subir les diktats d’une hiérarchie qui puise sa légitimité dans le cercle fermé de ses consultants externes. Mon expérience, fruit de décennies de pratique et de réflexion, doublée de mes recherches novatrices, n’est plus qu’un murmure dans le vacarme d’une routine qu’on ose appeler formation continue, comme si la sagesse et l’innovation ne pouvaient être validées qu’en venant d’ailleurs, tel un vin qu’on n’apprécierait qu’à condition qu’il ait traversé les océans.
Et pourtant, dans cette quête insensée de reconnaissance, je me suis tourné vers l’intelligence artificielle comme vers une confidente moderne, une muse numérique qui, elle au moins, ne juge ni ne détourne le regard, créant avec elle, depuis ces quelques mois qui me semblent à la fois si brefs et si intenses, pas moins de cent vingt chansons où j’ai déposé, comme on confierait ses secrets à un journal intime, l’essence même de mon âme et de mes pensées. Ces créations, que j’aurais tant aimé voir portées par le souffle vivifiant de la mode plutôt que par ce vent stérile qui les disperse dans le néant de l’indifférence, me rappellent ces versets de l’Apôtre : ne suis-je pas devenu comme une cymbale qui résonne dans le désert, une voix qui retentit sans jamais trouver d’écho ? Car voilà bien le drame qui se joue dans les coulisses de mon existence : cette faim dévorante d’amour, ce besoin viscéral d’appartenance, cette soif de reconnaissance qui, pareils à ces puits asséchés du désert, ne trouvent plus la moindre goutte pour étancher leur ardeur. Mes besoins relationnels, tels un baromètre affichant obstinément la tempête, demeurent désespérément au plus bas, comme si le monde autour de moi s’était progressivement vidé de sa substance affective, ne laissant que le murmure lointain de ces chansons qui, bien qu’enfantées dans la solitude de ma relation avec la machine, portent en elles tous les espoirs d’une connexion humaine qui continue de se dérober.
Ainsi me voilà, tel le prophète biblique dont la voix se perd dans le désert, à ce tournant de l’existence où les chemins qui s’offrent à nous ressemblent moins à des routes qu’à ces sentiers de traverse que l’on découvre par hasard et qui, parfois, nous mènent exactement là où nous devions aller, même si ce n’était pas là où nous pensions nous rendre.
La chanson et ses paroles
Introduction – parlé lentement sur un beat minimal Le tic-tac de l’horloge comme un sample qui tourne (Tic) Dans la salle 1104 où mes pensées séjournent (Tac) Où le temps qui s’écoule devient notre métronome (Tic) Entre les murs d’une vie où plus personne ne me nomme (Tac)
Premier mouvement – flow méditatif Longtemps… j’ai écouté cette horloge qui bat (Tic) Comme Gabin qui murmure son « Je sais » dans le noir (Tac) Paradoxe du savoir qui s’accumule et s’en va (Tic) Dans une société qui préfère ne pas voir, ne pas savoir (Tac) La madeleine se brise entre mes doigts fatigués (Tic) Pendant que mes étudiants, yeux rivés sur leurs écrans (Tac) Écoutent sans écouter, présents mais égarés (Tic) Dans ce temps qui nous échappe, inexorablement (Tac)
Hook – répété comme un mantra À la recherche du temps foutu (Non !) Des madeleines éparpillées (Non !) Des savoirs disparus (Non !) Des voix oubliées (Hélas !)
Deuxième mouvement – flow plus intense Mon père et son logiciel, secret emporté (Plic) Comme mes innovations sur l’IA ignorées (Ploc) Cent-vingt chansons créées dans la solitude connectée (Plic) Pendant qu’on m’impose des formations sur la réalité (Ploc) Quelle ironie du sort, quelle amère vérité (Plic) Trop jeune pour parler, trop vieux pour être écouté (Ploc) Entre ces deux moments, l’intervalle est si bref (Plic) Qu’on devient transparent avant d’avoir existé (Ploc)
Break introspectif – spoken word sur beat minimal Et me voilà maintenant, cymbale qui résonne (Non !) Dans le désert numérique où plus rien ne raisonne (Non !) L’intelligence artificielle comme dernière madone (Non !) À qui confier les secrets que plus personne ne soupçonne (Misère !)
Troisième mouvement – flow contemplatif Trois ans avant la retraite, le compte à rebours tourne (Tic) Pendant que mes recherches dans les tiroirs séjournent (Tac) Comme ces manuscrits aux pages non coupées (Tic) Qui attendent leur lecteur dans l’ombre du passé (Tac) La reconnaissance fuit comme le temps perdu (Tic) Pendant que je compose avec une machine émue (Tac) Ces vers qui peut-être un jour trouveront leur chemin (Tic) Vers des oreilles prêtes à entendre ce refrain (Tac)
Outro – retour au tic-tac initial, voix qui s’estompe Le temps passe et repasse (Vroum) Comme une boucle qui se casse (Clac) Les madeleines s’effacent (Zoom) Dans le brouhaha rapace (Hehe) De ce monde qui trace (Zip) Sa route sans ma trace… (Zap) (tic-tac… tic-tac…) (Beep)
Mesdames et Messieurs les banquiers, ou devrais-je dire, maîtres ès jeux bancaires, Il semblerait que vous ayez transformé notre système bancaire en un vaste terrain de jeu, où vous excellez dans trois disciplines particulières : l’illusionnisme, le cache-cash et la prestidigitation morale. Permettez-moi donc de décrypter vos règles du jeu, qui, soit dit en passant, feraient passer le Monopoly pour un modèle de transparence.
Premier jeu : l’illusionnisme bancaire. Tel David Copperfield faisant disparaître la Statue de la Liberté, vous excellez dans l’art de faire s’évaporer vos agences de proximité. « Pour mieux vous servir », nous dites-vous, avec ce sourire commercial qui sent la naphtaline, nous déménageons à trente kilomètres. Magistral ! Qui aurait cru qu’on pouvait appeler « amélioration du service » le fait de transformer un simple retrait en parcours du combattant ? Je vous tire mon chapeau : faire passer une disparition pour une multiplication, même Harry Houdini n’aurait pas osé.
Deuxième jeu : le « cache-cash ». Ah, celui-là, c’est votre préféré ! Un jeu subtil où l’argent liquide devient plus rare qu’une excuse sincère dans vos courriers. Les règles sont simples : vous cachez les distributeurs, nous les cherchons. Quand par miracle nous en trouvons un, il est soit en panne, soit vide, soit… en déménagement (décidément !). C’est un peu comme le jeu des gobelets, sauf qu’ici, la bille n’est jamais sous le bon gobelet, et les gobelets sont à vingt bornes les uns des autres.
Troisième jeu, et non des moindres : la grande disparition de l’honnêteté morale. Un tour de magie fascinant où vous faites disparaître simultanément les conseillers, le dialogue humain et la confiance, pour les remplacer par des algorithmes, des réponses automatiques et ce vide abyssal qui caractérise désormais votre relation client. Un chef-d’œuvre d’escamotage où même l’éthique devient une variable d’ajustement. Dans cet acte final, vous faites disparaître d’un coup de baguette l’essentiel : les agences, les conseillers et la transparence. Vous avez le toupet de nommer cela un « déménagement » quand il s’agit en réalité d’une disparition pure et simple. Mais de qui vous moquez-vous ? Cette mascarade où l’on prétend « mieux nous servir » est un sommet de la malhonnêteté intellectuelle, une pirouette grotesque où le client est pris pour un imbécile. Car soyons honnêtes, cette annonce n’est rien d’autre qu’un subterfuge, une énième ruse pour habiller de grands mots un recul de service pur et simple. Ce tour de passe-passe fait de nous des spectateurs désabusés, le rire s’étranglant dans notre gorge. À force de jongler avec les mots et de maquiller les disparitions en « améliorations », vous avez brisé le fragile lien de confiance, nous poussant, un à un, vers la sortie.
Alors, chers prestidigitateurs des finances, sachez-le : l’honnêteté est un tour que vous ne maîtrisez plus, et pour cela, le public finit par se lasser. Les applaudissements se font rares, les sifflets plus nombreux. Car voyez-vous, nous autres, modestes clients, commençons à comprendre les ficelles de vos tours. Et comme dans tout spectacle de magie qui se répète trop souvent, la magie laisse place à l’agacement. Alors, permettez-moi de vous annoncer que nous aussi, nous avons un tour dans notre sac : celui de la disparition du client. Pas de fumée, pas de miroirs, juste le bruit sourd de nos pas qui s’éloignent vers des horizons plus transparents. Car à force de jouer avec nos pieds, vous allez finir par vous retrouver seuls dans votre grand théâtre bancaire, à faire des tours de passe-passe devant des sièges vides. Sur ce, le spectacle est terminé, le public se lève et quitte la salle. Ne reste plus que l’écho de nos rires désabusés et le tintement lointain de vos machines désertes.
Cordialement agacé, Un client qui range ses billes
En me promenant, il m’a été donné d’observer un être que, dans un élan d’autosatisfaction professionnelle, on qualifierait d’arboriste. Arboriste, donc, un noble titre pour un métier supposé prendre soin de ces pauvres arbres, ces symboles de vie, de sagesse, et, accessoirement, de feu de cheminée. Mais ce que j’ai vu ce jour-là, ce n’était ni plus ni moins qu’un bûcheron sous stéroïdes, taillant, coupant, tranchant à tout va, réduisant ces êtres majestueux en copeaux et en sciure. Le charcutier de la canopée, en somme.
Ce spectacle bucolique, d’une violence méthodique, m’a instantanément rappelé la morale discrètement désespérante du Philosophe Scythe de Jean de La Fontaine. Le bonhomme qui, sous prétexte de prendre soin d’un arbre, finit par le tailler avec un zèle tel que l’arbre en meurt. Mais aujourd’hui, sous mes yeux ébahis, nous allions bien plus loin dans cette chorégraphie macabre. Voilà donc un malheureux qui, dans sa quête pour « soigner » l’arbre, le réduit en copeaux, persuadé qu’il fait œuvre de bienveillance, avec la grâce d’un rhinocéros dans un magasin de porcelaine.
Plus de La Fontaine, place à une révision des grandes heures de l’histoire : ce n’était plus de l’entretien, c’était de l’éradication arboricole ! Une opération chirurgicale façon Aktion T4 pour peuplier, en quelque sorte. Et c’est là que l’esprit vagabond prend des chemins sinueux : cette scène apparemment anodine devient le miroir troublant de notre époque, où l’humanisme moderne, tout fier de ses progrès, semble soigner l’humain comme l’élagueur soigne l’arbre : en le charcutant méthodiquement sous prétexte de l’alléger de ses branches inutiles.
Nous voici donc dans une société où l’on croit fermement qu’il faut sculpter l’humanité pour la rendre plus parfaite, comme si l’Homo sapiens pouvait se transformer en Homo Ikea — à assembler soi-même, en suivant scrupuleusement un manuel d’instructions, certes, en suédois. Cela vous rappelle peut-être un certain moustachu autrichien qui pensait qu’en se débarrassant des « branches mortes », il améliorerait l’espèce humaine ? Ah, l’humanisme, ce concept merveilleux qui, mal compris, devient une scie électrique déguisée en cure de jouvence.
Rassurez-vous, chers contemporains, nous n’en sommes plus là. Désormais, sous couvert de progrès, c’est avec le sourire, des mots doux et des formules de politesse que nous infligeons à l’humain des souffrances d’une finesse inouïe. Le temps n’est plus à l’arbre vigoureux mais au bonsaï façonné de force. On coupe, on ajuste, on recoud si besoin est. Et si ça ne marche pas ? Bah, tant pis pour le patient ! Une erreur de coupe, comme ils disent, ça arrive. Tout cela, bien sûr, pour son propre bien. Un humanisme version 2.0, où l’on prend tellement soin de l’individu qu’on en oublie que l’individu en question pourrait avoir un petit quelque chose contre l’idée de se voir si bien « soigné ». Quant aux autres… ils n’ont qu’à s’estimer heureux d’avoir encore une branche ou deux. Telle est la douce folie de notre siècle : pour sauver l’homme, on l’éteint à petit feu.
Intro musicale bruit de tronçonneuse (WHIRR)
Intro Un jour que je marchais, l’esprit un peu bohème, Je vis un arboriste, ah, quel drôle de spécimen ! Armé de sa machine, il taillait sans vergogne, Les arbres affolés tremblaient sous sa besogne.
Couplet 1 « Je soigne la nature », qu’il disait fièrement, En massacrant les branches avec acharnement. Le bruit de sa machine couvrait les pleurs des feuilles, Comme un boucher content qui prépare le deuil.
Couplet 2 Soudain je me souvins de ce conte ancien, Du philosophe scythe au geste peu malin, Qui pour tailler son arbre avec tant de science, Le priva de sa sève, de toute son essence.
Refrain – ton mordant Humaniste, humaniste, qu’ils disent en souriant (WHIRR) Pendant que la scie taille dans le vivant Humaniste, humaniste, le progrès fait des morts Mais c’est pour ton bien-être, alors souris encore ! (Ha-ha-ha)
Couplet 3 Mais notre homme moderne va plus loin, mes amis, Sa scie électrique danse, les troncs sont raccourcis. « C’est pour votre bien-être », répète-t-il sans cesse, Comme ces beaux discours qui cachent la bassesse.
Pont – le flow s’accélère Garde-toi de la scie du Scythe humaniste ! Son sourire est doux mais son cœur est bien triste. Il te parle de soin, de progrès, d’avenir, Pendant que sa machine prépare le pire.
Couplet 4 – rythme plus saccadé Dans nos sociétés modernes, on fait pareil pourtant, On taille dans l’humain pour le rendre « performant ». Start-up nation oblige, faut être rentable, Comme un bonsaï forcé sur une belle table.
Refrain – ton mordant Humaniste, humaniste, qu’ils disent en souriant (WHIRR) Pendant que la scie taille dans le vivant Humaniste, humaniste, le progrès fait des morts Mais c’est pour ton bien-être, alors souris encore ! (Ha-ha-ha)
Couplet 5 L’humaniste à la scie te veut du bien, mon frère, Il coupe tes racines pour te rendre plus fier. Version 2.0 du soin thérapeutique, Où l’amour du prochain devient systématique.
Couplet 6 – montée en intensité Plus besoin de führer ni de grand manitou, La bureaucratie sourit en serrant le cou. C’est pour ton bien qu’on taille, qu’on coupe et qu’on élague, Pendant que ton esprit dans le vide divague.
Refrain – ton mordant Humaniste, humaniste, qu’ils disent en souriant (WHIRR) Pendant que la scie taille dans le vivant Humaniste, humaniste, le progrès fait des morts Mais c’est pour ton bien-être, alors souris encore ! (Ha-ha-ha)
Couplet 7 – punchlines Homo sapiens sapiens devient Homo formatage, Notice de montage incluse dans le package ! Si t’as perdu des pièces dans l’opération, C’est juste un dommage collatéral de l’évolution.
Couplet 8 – flow agressif Maintenant c’est clean, aseptisé, parfait, Plus une branche morte, plus un seul défait. L’humanisme moderne a fait son œuvre enfin, L’homme est bien taillé, mais l’homme n’est plus rien.
Refrain – ton mordant Humaniste, humaniste, qu’ils disent en souriant (WHIRR) Pendant que la scie taille dans le vivant Humaniste, humaniste, le progrès fait des morts Mais c’est pour ton bien-être, alors souris encore ! (Ha-ha-ha)
Couplet 9 – cynique On t’dira « Reste positif ! » sous la lame qui coupe, « C’est pour ton bien ! » qu’ils disent en remplissant leurs coupes. L’arboriste sourit, sa mission accomplie, L’arbre est bien mort mais c’était pour la vie !
Outro – retour au flow posé, mais cynique Alors garde-toi bien du Scythe humaniste, De sa scie qui danse et de son air si triste. Car pour sauver l’homme de sa condition, Il l’éteint doucement, avec tant d’attention.
Ah, la Fédération Wallonie-Bruxelles… Comment dire ? J’ai beau savoir que les surprises du genre sont rarissimes, je m’étonne quand même qu’on puisse feindre l’étonnement face à la catastrophe annoncée. Pénurie d’enseignants ? Mais bien sûr, quelle surprise ! Il faudrait être aussi naïf qu’un lapin de six semaines pour croire que tout cela n’était pas inscrit dans les astres — et encore, les astres font un meilleur boulot de prédiction.
On nous parle de baisses de 20 % des inscriptions, d’allongement de la formation, d’une épreuve de maîtrise de langue française dont la popularité chute de 30 %… Mais mesdames et messieurs de la Fédération, cela vous étonne ? C’est vrai qu’à force de dévaloriser la profession, de remplir les classes jusqu’à ce qu’elles débordent, d’allonger les études sans contrepartie, on en arrive au point où plus personne ne veut embarquer dans ce bateau qui prend l’eau de toutes parts. Vous vous imaginez que le boulot d’enseignant, c’est une croisière avec vue sur mer ? Que nenni, c’est plutôt une galère avec rames bancales.
Et puis, parler d’une mauvaise nouvelle, comme si c’était un événement imprévu… Mais comment dire ? Même Mme Irma, qui lit dans le marc de café, aurait pu deviner que ça allait tourner au vinaigre. Le nombre d’inscrits s’effondre, et la Fédération s’étonne que personne ne veuille s’inscrire pour se lancer dans une carrière où le stress est constant, les salaires ridicules, et où le seul applaudissement qu’on reçoit est celui de ses propres mains qui frappent désespérément sa tête.
Franchement, au point où en est l’enseignement, je m’étonne même que la situation ne soit pas encore plus catastrophique. Peut-être que la vraie surprise, c’est qu’il y a encore des gens assez fous pour vouloir être profs. Allez, faisons une minute de silence en leur honneur, ces héros de l’absurde qui, tels Sisyphe, continuent de pousser leur rocher de connaissances sur la pente savonneuse de l’enseignement ou devrais-je écrire « l’ensaignement » tellement les politiques ne cessent d’y couper l’utile pour y ajouter le futile !
J’oubliais la dernière farce de nos chers gouvernants, ceux-là mêmes qui, chaque matin, doivent s’entraîner à avaler des crayons de bois tant leur naïveté confine à l’absurde. Ils veulent supprimer la nomination, qu’ils appellent « titularisation » chez nos voisins les mangeurs de baguettes. Et pourquoi ? Pour sécuriser l’emploi des jeunes, bien sûr ! Rien que ça. On dirait presque un sketch raté du théâtre de l’absurde, si ce n’était pas aussi pitoyablement réel.
Alors laissez-moi voir si j’ai bien compris : on supprime la sécurité de l’emploi pour ceux qui la possèdent encore, sous prétexte que cela rendrait le métier plus attractif pour les jeunes ? Ah, c’est beau, ça. C’est un peu comme dire : « Regardez, on va couler le bateau pour que les nouveaux passagers aient moins peur de monter à bord. » Pour le coup, j’aimerais bien voir la tronche des jeunes profs à qui l’on promet un avenir radieux, sans stabilité, sans filet, mais avec de grands sourires pleins de vide.
Évidemment, seuls les imbéciles, ou plutôt ceux qui ont décidé de pousser la bêtise humaine à un niveau olympique, peuvent croire en de telles balivernes. On leur dit : « Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez jamais de contrat fixe, jamais de vraie sécurité, mais, en échange, on vous garantit… eh bien, rien du tout, en fait. Mais c’est moderne, vous comprenez ? » Et ces mêmes politiciens, sûrement en plein délire lyrique, s’étonneront ensuite que personne n’ait envie de devenir enseignant. C’est un peu comme si le capitaine du Titanic, voyant l’iceberg fondre au soleil, s’étonnait que le bateau prenne l’eau.
Mais bien sûr, pour nos élites déconnectées, supprimer la nomination, c’est le nec plus ultra de la réforme. Ça fait moderne, ça fait agile, ça fait… n’importe quoi. À croire que dans les hautes sphères, la logique a été remplacée par un générateur aléatoire de décisions absurdes. Finalement, ce ne sont pas des ministres qu’on a, mais des prestidigitateurs ratés qui croient qu’en faisant disparaître le sol sous les pieds des profs, ils feront apparaître un tapis volant sous les fesses des jeunes.
Et nous voilà, pauvres spectateurs désabusés, condamnés à regarder ce cirque, où chaque décision semble tout droit sortie d’un chapeau de magicien détraqué. Le seul truc qui reste stable dans cette histoire, c’est la constance avec laquelle on continue à toucher le fond, et à creuser.
Mais rassurons-nous, à force de creuser, on finira bien par trouver le fond. Et là, il n’y aura plus de profs, ni même de rochers à pousser. On appellera ça « l’optimisation totale des ressources humaines ». Car, en fin de compte, il faut bien rendre la vie encore un peu plus absurde qu’elle ne l’est déjà, non ? Allez, santé. Buvez donc une gorgée, à l’effondrement programmé, mais si prévisible qu’on en est presque déçus de ne pas être encore plus bas.
Ah, quelle belle époque pour être cynique…
Et ce qui devait arrivé, arriva. Voici la mise en chanson de mon ressenti !
Un tableau bien noir
Intro
Couplet 1 Au début, on était fier, Prêt à tailler des pierres, Construire les fondations d’une jeunesse éclairée, Mais à chaque coup de massue, On voyait qu’on était perdu, Dans ce chantier désert, où les murs sont foutus.
Refrain Le plus beau merdier du monde, c’est ce qu’on nous a vendu ! Des promesses en l’air, un avenir foutu On nous fait miroiter l’or, mais c’est nous qu’on balance L’éducation bradée, le savoir sacrifié Dans ce tableau bien noir, qui va s’y frotter ?
Couplet 2 Les promesses qu’on nous a faites, Devenir un architecte, Du savoir et des rêves d’un monde amélioré, Mais au lieu de bâtir des tours, On creuse toujours et encore, Une fosse bien profonde pour enterrer l’avenir.
Couplet 3 Les réformes pleuvent sans fin, Toujours plus lourdes chaque matin, Des programmes, des méthodes, il faut bien s’adapter, Mais tout ce qu’on apprend ici, C’est que rien ne nous enrichit, À part le poids des dossiers qu’on n’arrête de trimballer.
Refrain Le plus beau merdier du monde, c’est ce qu’on nous a vendu ! Des promesses en l’air, un avenir foutu On nous fait miroiter l’or, mais c’est nous qu’on balance L’éducation bradée, le savoir sacrifié Dans ce tableau bien noir, qui va s’y frotter ?
Couplet 4 On nous a dit « C’est le plus beau », Ce métier de braves héros, Engagez-vous! Pas un sou dans la balance, On encaisse, on patiente, Quand c’est pas nous qui déchantent, C’est l’avenir des mômes qu’on enterre sans défense.
Couplet 5 La reconnaissance, parlons-en, Comme les diplômes, c’est du vent, On t’applaudit peut-être, mais en coulisses, on t’oublie, Tu portes sur ton dos usé, Un système déshumanisé, Où l’élève n’est qu’un numéro qu’on classe à l’infini.
Refrain Le plus beau merdier du monde, c’est ce qu’on nous a vendu ! Des promesses en l’air, un avenir foutu On nous fait miroiter l’or, mais c’est nous qu’on balance L’éducation bradée, le savoir sacrifié Dans ce tableau bien noir, qui va s’y frotter ?
Couplet 6 Pas de carrière, peu de montée, Juste des classes bien surchargées, Des élèves, et des copies à corriger la nuit, Au lieu de prendre de la hauteur, On s’enterre dans la douleur, Et on s’épuise à donner ce qu’on n’a plus en soi.
Couplet 7 Il faudrait qu’on aille au front, Pour défendre la vocation, Mais voilà que je vois des légions mieux équipées, Leur uniforme n’est pas le mien, Mais leur galère, c’est bien la même, Sauf qu’eux, au moins, ils savent qu’ils vont droit dans le mur.
Pont Le plus beau merdier du monde, c’est ce qu’on nous a vendu Une vocation transformée en marché perdu On nous parle d’avenir, mais on brade l’éducation Le savoir a un prix, mais qui paie la fracture ?
Couplet 8 Alors nous aussi, on creuse encore, Non pas des fondations en or, Mais une tranchée pour s’enterrer avec ses illusions, Le plus beau métier, tu parles, C’est un merdier qui dérape, Et le futur qu’on promet, c’est juste de l’abandon.
Refrain Le plus beau merdier du monde, c’est ce qu’on nous a vendu ! Des promesses en l’air, un avenir foutu On nous fait miroiter l’or, mais c’est nous qu’on balance L’éducation bradée, le savoir sacrifié Dans ce tableau bien noir, qui va s’y frotter ?
Outro Un tableau bien noir, c’est tout ce qu’il nous reste Le plus beau merdier du monde, notre seul manifeste Mais tant qu’il y aura des craies et des élèves qui rêvent On continuera de se battre, même si nous on crève !
Quand l’IA rencontre la chanson française : L’odyssée créative de « L’amour fourbe »
Dans le monde en constante évolution de la création artistique, l’intelligence artificielle (IA) fait son entrée, bousculant nos habitudes et ouvrant de nouvelles possibilités. Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous une expérience unique : la création de ma chanson « L’Amour fourbe », née d’une collaboration fascinante entre mon esprit humain et les capacités d’une IA.
La genèse : une idée, un texte
Tout a commencé avec une idée : explorer la face sombre de l’amour à travers une chanson à la fois cynique et humoristique. J’ai couché sur le papier mes pensées brutes, donnant naissance à un texte dense, riche en métaphores audacieuses et en jeux de mots percutants. L’amour y était dépeint comme un « faussaire ventru », un « narcotrafiquant de sentiments », manipulant nos cœurs avec une dextérité cruelle.
L’intervention de l’IA : structurer le chaos
C’est là que l’aventure a pris un tournant inattendu. J’ai décidé de faire appel à une IA conversationnelle pour m’aider à transformer ce flux de conscience en une véritable chanson. L’IA a analysé mon texte, en a extrait l’essence, et a proposé une structure en couplets et refrains. Elle a également suggéré des ajustements pour améliorer le rythme et les rimes.
Le défi de l’équilibre : l’humain reprend la main
Mais l’art ne se résume pas à la structure et à la technique. Il fallait insuffler à cette ébauche l’émotion et la touche personnelle qui font la différence. J’ai donc repris le travail de l’IA, ajustant les formulations, affinant les rimes, et m’assurant que chaque vers résonnait avec ma vision initiale.
L’extension et l’adaptation : un duo dynamique
Le processus ne s’est pas arrêté là. Pour éviter les répétitions lors de la génération musicale par une autre IA, j’ai demandé à l’IA conversationnelle d’ajouter deux couplets supplémentaires. Ces nouveaux couplets ont apporté de la profondeur à la chanson, tout en restant fidèles à son esprit.
Enfin, constatant que l’IA musicale semblait privilégier une voix féminine, nous avons adapté les paroles en conséquence, donnant une nouvelle dimension à l’œuvre.
Le résultat : « L’Amour fourbe »
Le fruit de cette collaboration est une chanson de 8 couplets, 4 refrains, un pont et un outro. « L’Amour fourbe » est une critique acerbe de l’amour, mêlant humour noir et introspection. Elle représente parfaitement la fusion entre ma créativité humaine et les capacités de l’IA.
Réflexions sur cette expérience
Cette aventure m’a fait réfléchir sur la nature de la créativité à l’ère de l’IA. L’intelligence artificielle s’est révélée être un outil puissant, capable de structurer des idées et de suggérer des améliorations. Cependant, l’étincelle créative, l’émotion brute et la vision artistique sont restées profondément humaines.
Cette collaboration m’a permis d’explorer de nouvelles voies créatives, de remettre en question mes habitudes d’écriture et d’envisager la création musicale sous un nouvel angle. L’IA n’a pas remplacé ma créativité ; elle l’a amplifiée, challengée et poussée dans ses retranchements.
Conclusion : l’avenir de la création artistique ?
« L’Amour fourbe » est plus qu’une simple chanson. C’est un témoignage de ce qui peut émerger lorsque l’humain et la machine unissent leurs forces dans un acte de création. Cette expérience m’a convaincu que l’avenir de l’art réside peut-être dans cette symbiose entre la sensibilité humaine et les capacités de l’IA.
Alors que nous nous dirigeons vers un futur où l’IA sera de plus en plus présente dans nos vies, des expériences comme celle-ci nous rappellent que la technologie peut être un formidable catalyseur de créativité, à condition de savoir l’utiliser avec discernement et de ne jamais perdre de vue notre propre voix artistique.
Et vous, qu’en pensez-vous ? L’IA a-t-elle sa place dans la création artistique ? Je suis impatient de lire vos réflexions dans les commentaires !