Catégories
L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière Si j'étais Rimbaud ?

Cet amour inachevé

De la prose poétique à la chanson : L’histoire de « Cet amour inachevé »

La genèse de cette ballade trouve sa source dans un texte en prose poétique intitulé initialement « Sylvie, cet amour inachevé ». Ce récit explorait les méandres d’un souvenir obsédant : celui d’une jeune Française, Sylvie, rencontrée sur les bancs d’école. Le texte original développait avec minutie les détails de cette histoire : l’atmosphère de l’internat, le blazer immaculé, la présence mystérieuse de cette élève venue de France, jusqu’à son départ forcé par une décision politique touchant les étudiants étrangers.

L’adaptation en chanson a nécessité une condensation tout en préservant l’essence du récit. La structure retenue s’inspire des grandes ballades de la chanson française où le refrain évolue pour porter l’obsession du souvenir. Le leitmotiv « Tu reviens » ponctue chaque refrain, traduisant cette présence fantomatique qui traverse les années.

La chanson conserve les moments clés : la salle de classe, l’internat, la piscine, et cette photo retrouvée qui ravive tout. Mais elle y ajoute une dimension plus universelle : celle d’un premier amour qui continue de hanter, de ces visages bruns qu’on cherche sans jamais retrouver l’original. Le piano et les cordes synthétiques créent une atmosphère intimiste qui souligne la mélancolie du texte.

« Cet amour inachevé » devient ainsi plus qu’une simple chanson d’amour : c’est l’histoire d’une obsession douce-amère, d’un souvenir qui refuse de s’effacer, porté par une musique qui oscille entre nostalgie et espoir suspendu.

Le texte de départ :

Ce matin, tu t’es invitée dans mon lit, discrète comme une étoile filante qui caresse l’ombre avant l’aube. Une à une, les pièces de mon puzzle intérieur se rassemblent. L’image s’éclaire : une salle de classe d’école primaire. Ah ! Les filles d’un côté, les garçons de l’autre, comme deux rivières qui s’écoulent en parallèle sous l’œil vigilant de l’instituteur.

Dans une rangée, une écolière apparaît, fière comme un personnage de manga dont j’ignorais encore l’existence. Toi, Sylvie. Une jupe, un blazer et un chemisier immaculé. Tu venais de France et portais ton étrangeté comme un parfum subtil. Internat oblige, ta vie était mystérieuse, mais ta beauté, elle, éclatait comme un vitrail sous le soleil : longs cheveux bruns, visage angélique.

Et moi, pauvre inconscient que j’étais, je n’avais pas encore goûté aux tourments délicieux de l’amour. Loin d’être éveillé, j’errais dans un sommeil plus profond que celui de la Belle au bois dormant. L’inconscient, pourtant, m’appelait à toi, doucement, comme un violon qui s’accorde.

Nos chemins se croisèrent au gré des années et des hasards. Collège, lycée : toujours dans le même courant, celui de l’économie. Toi, si élégante malgré la modestie de ton milieu, et moi, toujours distrait, sans réaliser qu’un amour secret battait déjà à ma porte. Était-ce réciproque ? Si oui, ma mémoire s’est fait traîtresse, et je m’en veux d’avoir été aveugle à ta lumière.

Je me rappelle, pourtant, la piscine. Les cours de natation, où un compagnon rêvait peut-être de toi, tandis que moi, engourdi, trouvais simplement que tu étais belle, terriblement belle.

Mais le destin, parfois, est un politique médiocre. Un crétin d’élu décida de taxer les étudiants étrangers, et alors que ton diplôme n’était qu’à portée de main, tu dus quitter cette terre pour retourner en France. Tes études, brillantes, restèrent inachevées. Quelle injustice ! Depuis, ce parti politique m’inspire une rancune tenace, un feu que je ne peux éteindre.

Je ne t’ai jamais revue. Les échos de toi, plus tard, m’apprirent que tu t’étais mariée, que le temps avait transformé ton corps. Mais qu’importe ! Pour moi, tu restes figée dans cette image : Sylvie, l’écolière aux cheveux bruns, le rêve inassouvi d’une jeunesse somnolente sans doute indolente.

Aujourd’hui, des coïncidences me ramènent à toi. Une photo retrouvée sur Facebook, un prénom qui résonne, une attirance pour les héroïnes brunes des mangas, une étrange préférence pour les accents français… Tout s’éclaire enfin. C’était toi, Sylvie, qui avais allumé cette flamme sans que je le sache.

Et il ne me reste que des rêves, des regrets. Ces brunettes que je cherche, parfois retrouve, mais jamais n’égale ton image. Toi, Sylvie, premier amour inachevé, empreinte indélébile d’une passion jamais entamée, toujours suspendue.

Le texte de la chanson :

Intro musicale

Couplet 1
Ce matin dans mes rêves éveillés,
Des souvenirs d’enfance se sont glissés.
Une classe d’école, des bancs séparés,
Où mon cœur dormait sans même le savoir.

Refrain 1
Tu reviens, brune aux longs cheveux,
Dans mes songes un peu flous
Sylvie danse devant mes yeux,
Ton image me rend fou
Oh Sylvie, dans la ronde des années
Tes cheveux bruns tissent au fil de ma destinée

Couplet 2
Tu venais de France avec ta grâce,
Une jupe, un blazer, cet air vivace.
À l’internat, mystérieuse et fugace,
Mon âme assoupie l’ignorait encore.

Refrain 2
Tu reviens, fantôme de lycée,
Dans chaque visage croisé
Sylvie hante mes pensées,
Ton souvenir est figé
Oh Sylvie, dans la ronde des années
Premier amour aux ailes évaporées

Couplet 3
À la piscine, je te regardais,
Cette beauté pure qui resplendissait.
Puis la loi t’a cruellement écartée,
De notre terre, loin ma chère aimée.

Refrain 3
Tu reviens, dans chaque brune croisée,
Dans mes rêves éveillés
Sylvie, de toi je suis possédé,
Par cet amour jamais avoué
Oh Sylvie, dans la ronde des années
Que le temps suspend comme un vitrail inachevé

Couplet final
Aujourd’hui cette photo me ramène à toi,
Mais ces brunettes que je cherche parfois
Ne peuvent égaler ce que tu étais,
Premier amour enfui à jamais.

Refrain final
Tu reviens, toujours tu reviens,
Dans mes nuits, dans mes jours
Sylvie, mon éternel refrain,
Mon impossible retour
Oh Sylvie, dans la ronde des années
Cet amour reste à jamais inachevé