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Ironique et Sarcastique L'art de rentrer dans le lard du sujet Les essais de Pascal Rivière

On déraille à vélo

Quand l’anxiété devient électro-swing

Il y a ces souvenirs d’enfance qui nous façonnent. Ces moments où, petit, j’observais ma mère enfourcher son vélo pour partir à la recherche de mon père, retardé par une simple partie de ping-pong. Ces nuits où, resté seul à la maison, je ne comprenais pas encore que ces tours de roue anxieux finiraient par tourner dans ma propre tête.

Aujourd’hui, cette histoire familiale devient une chanson électro-swing. Un choix musical qui n’est pas anodin : le contraste entre le rythme enjoué et les paroles teintées d’humour noir reflète parfaitement l’absurdité de ces situations où l’angoisse prend le guidon de nos vies.

Le vélo devient ici bien plus qu’un simple moyen de transport. Il est la métaphore filée de nos déraillements émotionnels, de ces mécanismes qui se transmettent de génération en génération comme une chaîne bien huilée. Du « papa qui chantonnait Yves Montand » à « l’angoisse qui fait tache », chaque vers pédale sur le fil tendu entre tragédie et comédie.

L’ironie du sort veut que l’enfant sage d’hier se découvre aujourd’hui les mêmes reflexes que sa mère. Comme si le temps avait fait son œuvre, transformant le spectateur en acteur de ses propres déraillements. Et pendant ce temps, ma mère continue de veiller sur son chat comme on attache un vélo – l’amour qui devient entrave, encore une fois.

« On déraille à vélo » est né de ce besoin de transformer ces souvenirs en quelque chose de nouveau. De regarder avec tendresse et distance ces mécanismes familiaux qui nous dépassent. Car après tout, si on ne peut pas empêcher la roue de tourner, autant en faire une chanson qui donne envie de danser.

Couplet 1
Papa chantonnait Yves Montand
À bicyclette, ou bien à vélo
Il ne savait pas qu’en pédalant
Maman suivait sa trace au galop

Elle scrutait chaque coin de rue
Tandis que moi, je restais bien sage
À l’époque, je n’avais pas vu
Que la roue tournerait avec l’âge

Refrain
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, quelle veine !

Break

Couplet 2
Quand papa tardait à rentrer
Elle se mettait en selle
Dans la nuit noire à explorer
Les fossés et les ruelles

Moi petit dans la maison vide
Je ne pédalais pas encore
Dans ces virages près du vide
D’un esprit qui perd le Nord

Chorus
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, quelles chaînes !

Interlude

Couplet 3
Les années ont fait leur chemin
Le gamin est arrivé à maturation
Mais voilà qu’un beau matin
L’angoisse saisit le guidon

Je me surprends sur la route
À pédaler comme elle avant
Dans ces labyrinthes du doute
La raison m’abandonnant

Chorus
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, même rengaine !

Pont musical

Couplet 4
Elle veille sur son chat maintenant
Comme sur un vélo qu’on attache
Moi je pédale en me surveillant
Cette angoisse qui fait tache

Dans ce manège qui tourne en rond
Où l’amour se fait liens
Je cherche encore le bon guidon
Pour sortir du pétrin

Refrain final
On déraille, on déraille
Quand l’angoisse fait sauter la chaîne
On déraille, on déraille
De mère en fils, quelle scène !

Outro

Fade Out