Genèse d’une Double Vision
Je vous présente aujourd’hui deux variations d’une même réflexion musicale : « L’Homme Jetable » et « Homo Abiciendus ». Ces deux versions explorent notre transformation progressive en êtres jetables, chacune avec sa propre approche rythmique et mélodique.
La première version emprunte une structure fluide, où les transitions musicales accompagnent naturellement notre descente dans l’obsolescence programmée. Les solos de flûte y créent des respirations, comme autant de moments de conscience dans cette valse du jetable.
« Homo Abiciendus » adopte une approche plus percussive, avec des ponts répétitifs qui martèlent notre condition. Le refrain « (La la la) On jette tout » revient comme un écho obsédant, jusqu’à la confrontation finale entre Homo Sapiens et sa nouvelle identité d’être jetable.
Dans les deux versions, j’ai choisi délibérément un rythme de cumbia, créant un contraste entre la légèreté de la mélodie et la gravité du propos. Cette opposition traduit notre danse insouciante vers notre propre fin, notre capacité à nous mouvoir joyeusement vers l’abîme.
Le texte suit le cycle de vie de l’homme moderne : de l’enfant-roi qui apprend le geste du rejet, à l’adolescent qui consomme les sentiments, jusqu’au travailleur usé et finalement au corps médicalisé. Le refrain évolue avec cette progression, passant de l’insouciance à la conscience tragique de notre condition.
Ces deux versions sont deux facettes d’un même constat : à force de tout jeter, nous finissons par nous jeter nous-mêmes.
L’homme jetable
Homo Abiciendus
Intro
Couplet 1
Dans ce monde merveilleux
Où tout brille de nouveauté
Chaque chose a sa valeur
Jusqu’au moment d’être jeté !
(La la la) On jette tout
(La la la) Tout à l’égout,
(Aïe aïe aïe) Mais on est fou !
(Aïe aïe aïe) Quel dégoût !
Premier Refrain
Plus nous jetons, plus nous jetons
Plus nous sentons l’ombre qui vient
De notre propre expiration
Dansons, dansons, ne pensons à rien
Couplet 2
Petit roi de la poubelle
Sur son trône d’objets morts
Il fait sa loi si belle :
« Ce qui m’ennuie, je le jette dehors ! »
Ainsi font, font, font
Les enfants consommateurs
Trois tours de rayon
Et puis ils brisent tout sans peur
Refrain Évolutif 1
Plus nous jetons, plus nous fuyons
Plus nous sentons l’ombre qui monte
De notre propre expiration
Dansons, dansons, oublions la honte
Pont
(La la la) On jette tout
(La la la) Tout à l’égout,
(Aïe aïe aïe) Mais on est fou !
(Aïe aïe aïe) Quel dégoût !
Couplet 3
À la foire aux sentiments
Tout se vend, tout s’échange
Un cœur neuf pour un moment
Jetez l’ancien, comme c’est étrange !
Sur le grand manège du cœur
On tourne jusqu’au dégoût
Change d’amour tous les quarts d’heure
Jette ton âme, jette tout !
Refrain Évolutif 2
Plus nous jetons, plus nous pleurons
Plus nous sentons l’ombre qui danse
De notre propre expiration
Tournons, tournons, dans l’indifférence
Pont
(La la la) On jette tout
(La la la) Tout à l’égout,
(Aïe aïe aïe) Mais on est fou !
(Aïe aïe aïe) Quel dégoût !
Couplet 4
Dans la ronde des bureaux
Valsent les employés
Usés jusqu’à l’os
Sans pouvoir s’arrêter !
Un deux trois, productivité !
Quatre cinq six, flexibilité !
Sept huit neuf, périmé !
Dix : au suivant, s’il vous plaît !
Pont
(La la la) On jette tout
(La la la) Tout à l’égout,
(Aïe aïe aïe) Mais on est fou !
(Aïe aïe aïe) Quel dégoût !
Couplet 5
De l’hospice à l’hôpital
La valse des établissements
Un deux trois, c’est normal
On range les vieux parents !
Sur les fauteuils de la maison
Qu’on dit être de repos
Tourne la ronde des pions
En attendant le grand chaos
Couplet 6
Dans les couloirs aseptisés
Entre perfusion et cachets
On répare l’humanité
Jusqu’à ce qu’elle soit trop usée !
La machine fait son dernier tour
Dans ce manège médicinal
Où l’on danse chaque jour
Jusqu’au repos final !
Refrain Final
Plus nous jetons, plus nous mourrons
Plus nous sentons l’ombre qui gagne
De notre propre expiration
Dansons, dansons, jusqu’à la fin du bagne
Coda
La machine tourne en rond
Dans ce monde fini-infini
Où nous tournons, tournons, tournons
Jusqu’à être nous-mêmes… finis !
Outro musical
(la la la) Homo Sapiens !
(aïe aïe aïe) Homo Abiciendus !
(la la la) Homo Sapiens !
(aïe aïe aïe) Homo Abiciendus !