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Maudit train de mes nuits!

L’histoire derrière ma chanson

J’ai écrit « Train de nuit fantôme » suite à un texte plus long que je partage plus bas, cela est un peu comme une bouteille à la mer, une façon pour moi d’exprimer quelque chose que je porte depuis longtemps : l’histoire d’un amour que je n’ai compris que trop tard.

Tout a commencé avec ce texte où je raconte une relation que j’ai vécue sans vraiment réaliser son importance à l’époque. Ce n’est qu’avec le temps, et souvent dans le silence de la nuit, que j’ai pris conscience de ce que j’ai probablement laissé passer. Ces réflexions nocturnes sont devenues une sorte de ritournelle dans ma tête, un peu comme un vieux train qui passerait encore et encore.

Cette prise de conscience tardive m’a beaucoup tourmenté. Je me suis souvent surpris à rejouer ces moments du passé, à imaginer ce qui aurait pu être si j’avais été plus attentif, si j’avais compris plus tôt. C’est difficile de vivre avec des « et si » qui scient.

Pour m’efforcer de faire face à ces émotions, j’ai décidé d’écrire. D’abord, c’était juste pour moi, pour mettre des mots sur ce que je ressentais. Puis, petit à petit, la chanson est née.

« Train de nuit fantôme » est ma façon de donner une forme à cette expérience. Dans chaque vers, chaque rime, je tente de saisir ces souvenirs qui filent tel un train manqué. Le refrain « Voyage, voyage, dans la nuit qui s’égare », c’est exactement ce sentiment de perdre pied dans mes souvenirs et mes regrets.

J’ai travaillé sur la structure de la chanson, en utilisant des alexandrins et en soignant les rimes. C’était peut-être ma façon de mettre de l’ordre dans ce chaos émotionnel, de lui donner un sens.

Au final, écrire cette chanson a été une sorte de thérapie. Ça ne fait pas disparaître les regrets ou la tristesse, mais cela m’aide à y faire face. J’espère que peut-être, en la partageant, elle pourra toucher d’autres personnes qui ont vécu des expériences similaires.

C’est étrange comme parfois on ne réalise l’importance de certains moments qu’une fois qu’ils sont passés. « Maudit train de mes nuits » décrit cette histoire, mais c’est peut-être aussi un peu celle de beaucoup d’autres?

Maudit train de mes nuits !

Voyage, voyage. Où es-tu Françoise?

Entre minuit et une heure du matin.

Insomnie qui gratte la tête.

Et cette scène qui s’invite en boucle, comme un vieux film grésillant.

Un train d’un autre temps.

Toi, sourire aux lèvres.

Et ce refrain, entêtant :

Voyage, voyage… Désir, laisse …

Destination les souvenirs, première classe pour l’oubli compartiment fumeurs.

Là, dans ce wagon, j’ai cette drôle d’impression… d’avoir loupé quelque chose.

À ma décharge, j’étais plongé dans mes papiers d’objection de conscience, avec l’air grave du type qui croit tenir un rôle important.  

Mais plus j’y pense, plus je me dis que j’ai laissé filer quelque chose. Ou plutôt quelqu’un.

Avant, il y avait l’université, les couloirs où on se croisait.

Après, il y a eu ce coup de fil, ta voix au bout du fil.

Et puis plus rien.

Comme un train fantôme dans la nuit, disparu sans laisser d’adresse.

Des années plus tard, je cherche encore la gare où tu es descendue..

Reste juste cette séquence qui s’obstine à tourner en boucle, comme un vieux disque rayé.