Pastiche sur la fièvre éléctorale, inspiré de faits vécus ainsi que de Giovanni Guareschi et de son petit monde.
À la campagne comme à la ville, l’homme politique aime trôner en tête d’affiche. Quelle meilleure manière de briller lorsqu’on est en tête de liste, voire en ordre utile ? La fièvre électorale monte à la tête et frappe telle la foudre. Ici, dans notre petit monde, les affiches du candidat libéral semblent avoir été les victimes collatérales d’un orage capricieux qui les a toutes retournées.
Il faut dire que la situation était pour le moins complexe. Si les différentes tendances coexistent aisément dans les assemblées, c’est une autre affaire sous le plein soleil de la voie publique. La vénérable enseignante, ayant vu passer toutes les tendances politiques sur les bancs de son école, avait magnanimement accepté que trois tendances s’affichent à la grille de sa maison. Mais cela n’allait pas manquer de susciter certaines réactions, pour ne pas dire des réactions certaines.
Les bleus, les rouges, les mauves. Tous rouges d’efforts et verts de rage relevaient le défi. C’est ainsi que les élus et les bannis se lançaient dans une véritable joute d’affiches. Mais par un sombre soir, un mystérieux orage silencieux se produisit. Le panneau des bleus, pourtant déjà orné de cornes, de barbes et de lunettes ajoutées par quelques artistes locaux préférant rester anonymes, tomba mystérieusement de l’autre côté de la barrière. Les candidats semblaient se voiler la face contre terre, fâchés de devoir ainsi se mettre au vert, et ils auraient pu faire leur promotion au moyen d’une collection de noms d’oiseaux répandus aux alentours.
Quelle scène hilarante que celle de cet orage mystérieux frappant en période de fièvre électorale ! Imaginez notre candidat bleu, se promenant fièrement dans le quartier, pour découvrir ses affiches décorées avec un zèle artistique imprévu, puis renversées de manière si comique qu’elles semblaient appartenir à une ménagerie plutôt qu’à une campagne électorale.
Les passants, amusés, ne purent s’empêcher de commenter. « C’est le retour de la nature qui se moque de nos ambitions humaines ! » s’exclama l’un, plutôt philosophe. « Oui, et il semble que même les éléments se soient mis à voter ! » renchérit un autre, affichant un sourire narquois. Quant à un dernier, avec une pointe de malice, il déclara : « Encore heureux que les panneaux n’aient pas fini sur les roses ! La situation aurait été épineuse ! »
Notre vénérable enseignante, quant à elle, ne put s’empêcher de sourire en voyant le résultat de cet étrange orage. « Au moins », dit-elle en soignant ses fleurs, « les oiseaux ont trouvé de nouvelles surfaces où se poser ! » C’est ainsi, dans notre petite entité, la politique se mêle à la comédie, transformant chaque épreuve en une scène digne des plus grands théâtres de boulevard dans ce petit monde des deux Vernes où il se passe des choses qui ne se passent nulle part ailleurs.