Ce samedi midi, alors que mon état nerveux rivalisait avec celui d’un écureuil sous amphétamines, j’ai opté pour le train, ce moyen de transport délicieusement suranné. Me voilà donc à ruminer sur quel nouveau fléau va s’abattre sur ma personne, quand soudain, un troubadour des temps modernes fit irruption. Oh joie ! Un chanteur de rue ! Sauf que notre homme, aussi juste dans ses notes qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, offrait une performance d’une justesse aussi fuyante que l’intelligence chez un candidat de téléréalité. Ivre non de talent, mais de breuvages moins nobles, il torturait allègrement nos oreilles. Son chien, mélomane averti, hurlait à chaque fausse note, créant ainsi un duo d’une pathétique hilarité. Un concert gratuit, certes, mais à quel prix pour nos pauvres tympans !
Miraculeusement, tel un chevalier en armure brillante, le train arriva à l’heure, mettant fin à cette torture auditive. J’étais presque tenté de suggérer à notre illustre artiste un nouveau modèle économique : se faire rémunérer pour observer un silence artistique. Après tout, le silence est d’or, surtout quand il épargne nos oreilles d’une symphonie toute en cacophonies !