La SNCB, ce merveilleux théâtre de l’absurde où la publicité tapageuse fait office de marionnettiste. Un jour, ouverte comme la bouche béate d’un poisson sorti de l’eau, elle nous convie à entrer, et le lendemain, fermée comme un coffre-fort de Fort Knox, elle nous rejette ou plutôt nous fait attendre. Le conducteur, ce roi en son habitacle, se confine dans son sanctuaire, laissant les pauvres voyageurs échoués sur le quai, incarnant une version revue d’une histoire d’eau. Sous un ciel capricieux, nous voilà transformés en statues de sel, contemplant la pluie battante et les rames inaccessibles. Tel un mauvais vaudeville, le quai devient scène de nos déboires, où le seul abri possible est une promesse non tenue. La SNCB, un microcosme d’ironie où même le plus optimiste des voyageurs perdrait son latin à vouloir monter dans le train.
Quel univers impitoyable où les portes restent fermées, telles les lèvres pincées d’une vieille tante acariâtre. Les pauvres nouveaux arrivants, dans un élan de foi naïve, actionnent le dispositif d’ouverture. Mais hélas, la rame demeure impénétrable, aussi fermée que l’esprit de notre cher conducteur, perdu dans les méandres de son indifférence bureaucratique. « Frappez et l’on vous ouvrira », clament les saintes écritures, mais la SNCB, tel un athée endurci, ne se laisse pas convaincre par ces balivernes. Dans ce monde de fer et d’acier, même les plus fervents croyants en la ponctualité sont condamnés à l’attente, sous un ciel qui pleure d’ennui. La SNCB, cette merveilleuse allégorie de la désillusion moderne !