Dans l’écho de mes jours d’enfance, le premier janvier était une cérémonie de vœux, un rituel chaleureux, mais étrangement teinté de mélancolie. Comme un clown au sourire figé, la télévision des grands-parents diffusait son concert du Nouvel An, une mélodie qui semblait danser avec les fantômes du passé. Ces notes, s’élevant dans un salon où le temps s’était figé, étaient comme des bulles de champagne dans un verre oublié, pétillantes, mais éphémères.
Dans ce théâtre de souvenirs, les Strauss régnaient en maîtres, chefs d’orchestre d’un monde qui oscillait entre la grandeur et l’absurdité. Leurs valses, comme des étoiles filantes, nous rappelaient que même la beauté la plus éblouissante n’était que de passage. Dans cette danse de l’existence, chaque polka endiablée était un défi lancé à la morosité, chaque mélodie un pied de nez à la fatalité.
Aujourd’hui, je me surprends, spectateur de ce ballet qui traverse les âges. Les visages changent, les rides se creusent, mais la musique reste la même, éternelle, indifférente aux caprices du temps. Dans cette salle où les échos du passé rencontrent les murmures de l’avenir, je me demande : sommes-nous les acteurs de notre vie ou simplement des spectateurs d’une pièce écrite par d’autres ?
La valse du temps tourne, indifférente à nos désirs et nos regrets. Elle nous entraîne dans son mouvement perpétuel, nous rappelant que la vie est une danse dont nous ne choisissons pas toujours la musique. Et pourtant, dans cette mélodie, il y a une promesse, celle de moments volés à l’éternité, de sourires partagés sous le regard bienveillant de ceux qui nous ont précédés.
Alors, tandis que le monde tourne et que le nouvel an s’invite à nouveau dans nos foyers, je lève mes vers à cette valse de la vie, ce tourbillon de joie et de nostalgie. Car même si le temps passe, et que les places changent, la musique, elle, demeure, un fil d’or tissé à travers les générations, un pont entre hier et demain.
Dans le reflet de l’écran, je vois les visages de ceux que j’ai aimés, de ceux qui sont partis, et de ceux qui sont encore là. Et je me dis que, finalement, la vie est cette symphonie inachevée, où chaque note compte, où chaque instant est un trésor.
Je murmure pour moi-même : « À la vie, à la musique, à l’amour qui traverse les âges, » tandis que le concert du Nouvel An joue en arrière-plan, une mélodie intemporelle qui accompagne nos vies, éphémères et pourtant si riches. Et je pense à cette mécanique de l’histoire qui semble éternellement se répéter. Peut-être faudrait-il de temps en temps régler cette horloge ! Qui avec ses tics et ses tacs finit par me rendre toc-toc ! Mais de toutes manières, à la fin, le public attend les mêmes morceaux et applaudit bruyamment.