Oh, fin d’année chérie, moment des vœux éphémères et des résolutions aussi efficaces que celles de l’ONU, nous voici à la porte d’un nouvel acte manqué de cette tragi-comédie humaine, aussi optimiste qu’une oraison funèbre sous un ciel gris. Plutôt que de lever un verre, je choisis d’élever mes vers, tissant les absurdités de ce monde en déclin. Quelle ironie, mes amis, de souhaiter une « bonne année » dans un univers où l’apocalypse semble être un horizon inévitable, tel un fond d’écran macabre sur lequel s’esquissent bombes climatiques, guerres, extrémismes et entraves à nos libertés; un véritable festin pour les mes vers collapsologues, qu’ils brandissent leurs plumes ou leurs flambeaux !
Les réseaux sociaux, ces petits opiacés de l’ère moderne, nous bercent de douces illusions, nous détournant habilement des tragédies bien réelles pour nous immerger dans des querelles aussi pertinentes que le sexe des anges dans une Byzance sur le point de chuter. Comme si, lors d’une mission visant à détourner un météorite menaçant la terre, il relevait du bon sens de débattre du dernier tweet d’un astronaute alors que sa combinaison fuit ?
Dans ce grand théâtre du monde, où les urgences se confondent avec les importances, comme le soulignait ce bon vieux Dwight D. Eisenhower, nous voilà spectateurs et parfois acteurs de l’absurde. Le wokisme et la cancel culture, bien que porteurs de questions légitimes, semblent parfois jouer les rôles de paravents, masquant les enjeux qui menacent notre fragile condition humaine.
Prenons donc nos bonnes résolutions, non pour Byzance ou ce crétin de sapiens, mais pour nous-mêmes, nos descendants, l’Humanité. Car le grand effacement, mes chers contemporains, pourrait bien être celui de notre propre sagesse consciente, remplacée par une folie aveugle généralisée.
La cancel culture, ce jeu de chasse aux sorcières des temps modernes, où l’on pourchasse les parias médiatiques pour des fautes souvent plus bénignes que celles commises par nos éminents dirigeants mais aussi par chaque citoyen à travers ses gestes du quotidien d’une consommation à tombeau ouvert.
Quant au wokisme, cette noble quête d’égalité et de justice, elle finit par se heurter à ses propres excès. Comme un chevalier trop ardent, elle risque de se perdre dans les méandres d’une croisade sans fin, où le zèle peut éclipser la raison. Dans sa course vers un idéal, le wokisme peut paradoxalement s’éloigner de son objectif premier, se transformant en un combat où les nuances se perdent dans un tsunami d’absolus.
En cette fin d’année, j’élève donc mes vers pour célébrer la santé de l’absurde, la sagesse perdue, et l’espérance ironique qu’un jour, nous pourrons distinguer l’urgent de l’important, le superflu de l’essentiel. Et si tout cela ne pouvait être qu’une vaste plaisanterie, un sketch tragi-comique dont nous serions les comédiens involontaires ? Ah, quelle farce, mes amis, quelle mauvaise farce !