En cette nuit, du samedi neuf au dimanche dix décembre, une vérité m’est apparue, éclatante comme la lumière de la lune : je me suis aperçu que, tel un voyageur égaré dans l’étendue aride, je poursuivais des mirages, ces illusions fuyantes qui se dissipent lorsqu’on croit les toucher, semblables aux ombres éphémères dans les sables. Ces mirages, aussi rapides et insaisissables que les avions à réaction du même nom, m’emmenaient dans une course effrénée vers l’inaccessible. Depuis des années, je m’échine à dispenser un savoir, mais, hélas, je ne fais que brasser de l’air auprès des voiles d’esquifs indifférents.
Me livrer à l’agitation dans des vidéos sur YouTube ou Tik Tok ? Sans doute y trouverais-je un meilleur écho. Pratiquer la pression ? Les esprits retiennent les leçons pour un temps éphémère, quarante-huit heures tout au plus, avant que le savoir ne s’évanouisse dans les abysses de leur mémoire. Mais, tragique ironie, ils garderont tels des délices les sévices subis pour les perpétuer à leur tour.
Si l’apprenant n’est point impliqué, il reste sourd et indifférent à nos efforts. Nos enseignements s’envolent, tels des échos dans le vide de sa mémoire. Quand je songe aux messages que j’ai tenté de transmettre, aux heures consacrées, je m’interroge : y a-t-il une suite ? Suis-je réclamé ? Hélas, rien !
Si j’avais des relations, si je pouvais offrir des libations, si j’étais moins austère et plus avenant, peut-être jouirais-je de cette notoriété tant recherchée, même en abordant des sujets plus vains ! Telle est la cruelle vérité : le lien social prime ; avec lui, on peut faire accepter le flou, le futile. Sans lui, même les révélations divines tombent dans l’oubli.
Ainsi va le monde : une chanson n’est célèbre que si elle est interprétée par les bons chanteurs. Il faut tisser des liens en même temps que l’on émet son message ; sans cela, ce dernier restera lettre morte.