Quatre fois déjà… Souviens-toi, Brest, de ces jours. Je ne suis pas Prévert, pourtant je me lance dans un inventaire, à la manière de ses poèmes.
Première fois, c’était une longue-vue, un partage fraternel, mon père rejeté tel l’écume du jour par la Marine, à l’ombre imposante du musée militaire.
Seconde visite, Plougastel, un Italien un brin mélancolique racontant à fleur de mer, l’exploration des Abers, le circuit des phares. Merzhin en assaut, un concert sur le port où l’on finit pressés, comme les embruns dans l’air salé.
Troisième passage, la Toussaint, les promenades d’un chien errant. Un verre levé dans un bar cher à Kersauzon. Un GPS en déroute au pays des fraises. Une visite pour le travail, puis un au revoir lancé à la volée.
Quatrième escale, une balade, des cerceaux dansant et un florilège de découvertes. Sans doute, un moment d’intimité plus grand avec toi, Brest. Peut-être alors ai-je perçu les battements de ton cœur marin.
Brest, si tu inspires des mélancolies si profondes, c’est que tu tisses des liens indéfectibles. Il faut prendre le temps de te connaître, de s’immerger dans ton atmosphère.
Je n’en dirai pas plus, j’en resterai à ces impressions. Car décrire Brest, sans être initié à ses mystères, c’est comme entrer chaussé sur un sol sacré.
En tous cas, qu’on ne vienne pas dire que Brest n’est pas belle, c’est qu’on est simplement passé à côté, les yeux fermés.
Brest, j’ai la tête à l’ouest et le cœur en rade ! Je ne suis pas Miossec, pourtant il me faut bien te laisser.
Garde bien tes secrets d’Iroise, je reviendrai naviguer sur tes eaux, amarrer ma mémoire à tes quais, tant que le vent me portera.