Comment nous risquons un jour d’exploser du COVID
L’autre jour, en faisant revoir la géographie à ma fille, je me suis souvenu qu’il y avait deux types de volcans : les explosifs et les effusifs. Les premiers extrèmement, les seconds simplement dangereux. Les premiers ont un bouchon qui va sauter à un moment donné, faisant jaillir des nuées ardentes qui détruisent tout sur leur passage et projetant du soufre et de l’hydrogène dans la haute atmosphère. Je me suis souvenu du Vésuve, d’Herculanum, de Pompéi, du volcan de Santorin, celui qui a rayé la civilisation minoenne et à qui on doit peut-être le mythe de la chute de l’Atlantide, puis l’éruption du Laki, l’hivers volcanique et quelques années plus tard, la révolution française. « Dis, papa, pourquoi un volcan si dangereux est appelé un volcan gris alors qu’un volcan rouge l’est moins, ce n’est pas logique ? » Je lui ai alors expliqué que c’était un peu comme chez l’homme, qu’un zoologue qui s’appelle Desmond Morris avait décrit deux colères : la blanche et la rouge et que la plus dangereuse n’était pas quand l’homme devenait tout rouge, car il exprimait sa rage à travers son organisme mais que lorsqu’elle était blanche, il allait passer à l’acte et risquait de commettre l’irréparable. Et puis d’éruption en éruption, le lien ainsi tissé est venu s’agripper à l’actualité et j’ai vu monter une colère blanche sur toute la surface de la terre. Pas celle des éléments naturels, non, celle de l’humain confiné, réprimé. J’ai vu des manomètres lançant leurs aiguilles vers la zone rouge, un peu comme Carl Gustav Jung voyait venir une vague de sang déferlant sur le monde avant la seconde guerre mondiale. J’ai enfin vu venir le grand clash !Qu’est-ce qu’un clash ? C’est quand le cerveau du haut (rationnel et volontaire) ne parvient plus à gérer la pression exercée sur le cerveau du bas (émotionnel et inconscient) et que les comportements automatiques partent vers l’agressivité et la violence. Jacque Salomé, le dit bien : “La violence est un langage” et quand les besoins relationnels ne sont plus remplis, elle s’exprime.Où en sont nos besoins relationnels ? Nous sentons-nous écoutés, entendus, reconnus, valorisés ? Pouvons-nous rêver à des jours meilleurs ? Je préfère ne pas répondre.Plus trivialement, que fait une casserole où l’eau bout, si vous bloquez son couvercle, s’il n’y a pas une pipette pour laisser sortir la pression ?Je nous promet une explosion digne du volcan Toba, c’est-à-dire que si on ne prend pas conscience qu’il est grand temps de changer d’approche nous risquons un scénario digne de l’Aigle de Pathmos !On tente de sauver le travail mais il est en train de prendre la coloration de la phrase sur un sinistre portail : “Le travail rend libre”. Où est notre besoin de liberté ? Où est celui d’appartenance, d’expériences nouvelles ?Certes, on protège le besoin de survie mais à quel prix pour les autres besoins ?Ne serait-il pas temps de retrouver un équilibre, un compromis dans cette balance des débits et crédits entre nos besoins avant que survienne l’irréparable et le crash boursier de notre psyché ?En traçant ces mots, je m’efforce ici d’être effusif, je lance des fontaines de lave rouge pour attirer l’attention de qui peut et veut voir. Je me refuse à rester dans une vie grise et contenue, comme celle d’un con tenu par ses règles. A force de vouloir résister à la tentation nous finiront pourtant par exploser, car c’est au-dessus de nos forces ! Alors, nous mettrons le feu aux autres charges placées à côté de nous, en une gigantesque explosion de violence humaine dont l’histoire a le secret. Je ne pense pas que je serai ce détonateur puisque je pars en effusions dans l’écrit, mais vous qui me lisez, soyez attentifs à ne pas en devenir un. Préférez la voie et la voix du volcan rouge à celle du volcan gris. Et surtout, prenons conscience que les temps sont venus de déminer les automatismes de notre cerveau, en plus de cette crise liée au COVID.