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Silence, on tourne à Tournai

De la lumière à la chanson : l’histoire d’une création nocturne à Tournai

Il arrive parfois qu’une simple promenade nocturne déclenche une cascade créative inattendue. C’est exactement ce qui s’est produit ce samedi 18 janvier, lors d’une soirée ordinaire qui allait se transformer en aventure artistique.

La magie de l’instant

Tout commence alors que je m’apprête à rejoindre mon véhicule garé de l’autre côté de l’Escaut. En traversant le pont de fer, je suis saisi par la qualité particulière de la lumière qui baigne Tournai. La ville semble se réinventer sous mes yeux, entre ombres et reflets. C’est un de ces moments où le quotidien se pare soudain d’une dimension poétique inattendue.

L’appareil photo sort naturellement de ma poche. Six clichés pour tenter de capturer cette ambiance unique. Après tri, trois images ressortent, porteuses de cette magie nocturne que je viens d’observer.

Du visuel au verbal

Ces trois photographies deviennent le point de départ d’une création textuelle. Un premier poème naît, tentant de traduire en mots cette atmosphère si particulière. Tournai s’y dévoile, endormie sous son « chapeau noir », tandis que les lampadaires filiformes grattent l’obscurité. L’eau de l’Escaut y joue un rôle central, miroir mouvant où la ville se reflète et se réinvente.

Dans ce premier texte, le silence occupe déjà une place prépondérante. C’est un « bal silencieux, sans musique, sans bruit » où seuls les reflets dansent sur l’eau. La ville respire doucement, entre « la morsure du froid et la caresse des néons ».

La métamorphose

C’est alors qu’une petite voix intérieure murmure : « Tourner ? », « Tournai ? ». Et soudain, comme une évidence : « Silence, on tourne ! ». Cette simple phrase fait basculer le projet dans une nouvelle dimension. Le poème initial va se transformer en chanson, mais pas n’importe laquelle : une chanson construite comme un tournage nocturne.

Le texte se réinvente, adoptant le vocabulaire du cinéma. Les lampadaires deviennent des projecteurs, les rues des plateaux de tournage, et l’Escaut le fil conducteur de cette histoire visuelle. Le rythme cool jazz s’impose naturellement, parfait pour porter cette ambiance de film noir urbain.

Les refrains évoluent au fil de la chanson, marquant la progression du « tournage » : de la première à la dernière prise, la ville se dévoile sous différents angles. Les voix off ponctuent le récit, donnant à l’ensemble une dimension presque cinématographique.

La boucle est bouclée

Ainsi, d’une simple observation de la lumière nocturne est né un projet artistique complet. Des photographies ont inspiré un poème, qui s’est métamorphosé en chanson, elle-même structurée comme un film. Une création en plusieurs actes, où chaque étape a nourri la suivante, transformant une promenade ordinaire en une expérience créative singulière.

Cette aventure démontre comment l’inspiration peut surgir des moments les plus simples, et comment une ville familière peut encore nous surprendre, pour peu qu’on la regarde avec des yeux neufs. Tournai, cette nuit-là, est devenue bien plus qu’un décor : elle s’est faite muse et personnage principal d’une histoire qui continue de tourner, au fil de l’eau et des lumières.

Le poème:

Tournai s’endort sous un chapeau noir,
Un ciel sans lune, un ciel sans espoir.
Mais voilà que des lampadaires filiformes,
Dressés comme des allumettes géantes,
Grattent l’obscurité, rallument la ville.


Le froid mord les pierres, les pavés soupirent,
Mais l’eau du fleuve, calme, tranquille,
Attrape la lumière et la fait danser.
Un bal silencieux, sans musique, sans bruit,
Juste des reflets qui glissent et s’effacent.

Les maisons dorment, les arbres frissonnent,
Les voitures s’alignent, figées dans l’attente.
Et au bout de la rue, un réverbère s’étire,
Fatigué de veiller, mais toujours debout.


Tournai respire, doucement,
Entre la morsure du froid et la caresse des néons,
La ville se réinvente des histoires dans les éclats,
Et l’eau, complice, les emporte au fil du courant.

Ah, Tournai la nuit…
Un tableau sans cadre,
Un poème sans rime,
Où même le silence a des choses à dire.

La chanson :

Voix off – parlé
(Silence… Moteur… Action !)

Couplet 1
Premier plan sur la ville qui dort
Travelling sur un chapeau noir
Les projecteurs, comme des lampadaires
Font leur cinéma dans les airs

Refrain 1
Au fil du fleuve, première prise
Les lumières dansent, le temps s’éprise
Silence, action, Tournai frissonne
Dans ce film où la nuit rayonne

Couplet 2
Gros plan sur les pavés qui tremblent
Les pierres murmurent, le froid les cambre
Sur l’eau du fleuve, plan séquence
Des reflets jouent leur performance

Refrain 2
Au fil du fleuve, nouvelle prise
Les lumières valent, le temps se grise
Silence, magie, Tournai résonne
Dans ce film où tout tourbillonne

Bridge
Panoramique sur la ville endormie
Où chaque rue devient une scène de vie
Les réverbères, régisseurs de la nuit
Éclairent ce film qui se tisse et luit

Couplet 3
Zoom arrière sur les maisons qui posent
Comme des figurants en pause
Les arbres frissonnent sous les spots
Le vent souffle ses derniers mots

Refrain final – ralenti
Au fil du fleuve, dernière prise
(On la tient..)
Les lumières fondent, le temps se brise
(C’est parfait…)
Silence, magie, Tournai s’abandonne
(Et… Coupez !)

Outro – parlé, avec notes de piano qui s’estompent
« C’est dans la boîte… La nuit est à nous… »