Le temps passe…
Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants;
Mon vieil ami le canal,
Tes berges sont barrées
Par l’hiver et les travaux,
Et nos rendez-vous le long de l’eau
Me manquent comme une amitié perdue.
Ces promenades entre champs et flots,
Ces moments de grâce suspendus…
Te souviens-tu de nos premiers pas?
Grand-mère, le chien et moi,
Traversant les champs écarlates
Où dansaient les coquelicots.
Du port marchand jusqu’à Roucourt,
Vers le château d’Arondeau,
Nous tricotions nos parcours
Dans la dentelle de tes eaux.
Puis vint Azou, petit fox intrépide,
Sur le chemin de halage, c’était moi la barge,
Il tirait sur sa laisse comme un marinier avide
De conquérir tout l’horizon large.
Aujourd’hui parti vers les étoiles,
Il me reste ces images volées,
Ces instants que mon objectif dévoile,
Pour que sa mémoire reste à jamais scellée.
Dans l’objectif de mon appareil,
Je capture tes mille visages :
Le soleil couchant qui s’éveille
Sur ton chemin de halage,
Où les herbes folles ondulent
Comme une mer d’or qui tangue,
Et ton eau qui crépuscule
Dans un miroir de langue.
Puis c’est le chaland qui glisse,
Long serpent d’acier sur tes flots,
Entre les berges complices
Où dansent les roseaux.
Le ciel bleu se fait plus vaste,
Le temps semble suspendu,
Dans ce tableau sans faste
D’un monde révolu.
Au port de plaisance enfin,
Où le ‘Sam Suffit’ veille encore,
Les lumières du petit matin
Peignent tes eaux d’aurore.
Les nuages se mirent, paisibles,
Dans ton miroir sans ride,
Comme un tableau sensible
Où le temps se liquéfie… »
Parfois le ciel s’enflamme
De mauves et de violets,
Comme si une main de femme
Sur la toile du soir peignait.
Les arbres, témoins silencieux,
Se découpent en dentelles sombres
Dans ce tableau prodigieux
Où le jour verse ses ombres.
De l’autre côté de la rive,
Une génisse au pelage tacheté
Me regarde de ses yeux vifs,
Reine des prés ensoleillés.
Les peupliers en sentinelles
Se dressent dans le ciel bleu,
Leurs feuilles, dentelles
Que le vent fait danser peu à peu.
Les chardons violets s’élancent,
Épineux et fiers dans la brise,
Tandis que le ciel immense
Ses nuages blancs irise.
Sous l’arche du vieux pont de pierre,
Le canal s’étire, paisible,
Comme une porte de lumière
Vers un horizon invisible.
Et quand vient le soir tranquille,
Le chemin s’étire, infini,
Comme un ruban qui défile
Vers un horizon assoupi.
Les berges dorées s’inclinent
Sous le ciel qui s’abandonne,
Tandis que l’eau dessine
Les secrets que personne ne sonne…
Oui, vieil ami, tu me manques,
Mais je sais qu’au printemps prochain,
Quand les jours seront moins blancs,
Je reviendrai sur ton chemin.
Là, au bord de tes eaux sages,
Je retrouverai mes rêves errants,
Car le temps qui passe
N’efface pas le courant…
Ne pensons plus à rien…
Le canal fait de nous
D’éternels passants,
À jamais complices et fous.
Chanson:
Intro – Instrumental doux, mélancolique
Verse 1 – Calme, posé
Mon vieil ami, doux canal silencieux,
L’hiver te voile, les chemins sont pieux.
Des barrières dressées, des pierres amoncelées,
Empêchent mes pas de te retrouver.
Et pourtant, je t’entends murmurer
Dans le frisson des roseaux balayés.
Chorus – Chaleureux, enveloppant
Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.
Verse 2 – Nostalgique, tendre
Je me souviens des matins clairs,
Grand-mère, son chien, et moi, solitaires,
Sur les sentiers rougis de coquelicots,
Jusqu’à l’ombre douce d’Arondeau.
Chaque pas était une promesse, un sourire,
Dans la dentelle de l’eau, nos souvenirs.
Chorus – Chaleureux, enveloppant
Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.
Verse 3 – Dynamique, émotionnel
Azou, petit fox au regard délirant,
Sur le chemin de halage, bondissant.
Était-ce moi qui tirais ou bien lui ?
Marin d’eau douce, capitaine sans bruit.
Aujourd’hui, il danse parmi les étoiles,
Mais ses empreintes brillent sous mes semelles bancales.
Bridge – Légèrement aérien
Dans l’objectif de mon appareil, je garde
La lumière qui caresse tes eaux bavardes.
Un chaland glisse, les roseaux s’inclinent,
Et l’horizon doucement se dessine.
Chorus – Intense, émouvant
Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.
Verse 4 – Profond, contemplatif
Quand le vent déchire les feuillages d’automne,
Et que la brume étreint les berges monotones,
Je devine encore les voix d’autrefois,
Flottant sur l’eau, douces comme ta voix.
Chaque reflet d’argent sur l’onde calme
Berce mes pensées d’une douce palme.
Chorus – Intense, émouvant
Le temps passe… Non chaland…
Ne pensons à rien… le courant
Fait de nous toujours des errants,
À jamais complices et fous,
Toi, le canal, et moi, debout.
Outro – Apaisé, suspendu
Mais quand viendra le doux printemps,
Je reviendrai, l’âme flottant,
Cueillir tes silences, tes reflets mouvants,
Car le courant jamais ne ment.
Ne pensons plus à rien…
Le canal fait de nous
Des passants sans fin,
Toi, mon vieil ami, et moi, étreints.