De l’écrit à la voix : Le voyage d’un souvenir
Tout a commencé par quelques lignes écrites un 26 avril 2017. Une publication sur Facebook, simple et spontanée, déposée là comme un murmure au milieu du tumulte numérique. J’y évoquais des souvenirs d’enfance, ceux qui remontent parfois sans crier gare, portés par le parfum des lilas ou le souvenir d’une voix disparue.
En ce mois de janvier 2025, ce texte est revenu frapper à la porte de ma mémoire. Les souvenirs d’autrefois, un peu trop bousculés par le présent, se sont invités sans prévenir. J’ai senti ce besoin de leur donner une autre forme, un autre souffle. Écrire ne suffisait plus. Il fallait que ces mots prennent voix, qu’ils aillent plus loin, puis qu’ils vibrent autrement.
C’est ainsi qu’est née l’idée de transformer ces mots en une chanson. Des paroles directes, nues, qui laissent place à l’émotion brute. Mais trouver le bon ton, la bonne texture sonore, a été un chemin sinueux. Chaque mot devait sonner juste, chaque silence devait résonner.
Pendant des heures, j’ai exploré des sons, des rythmes, des émotions. J’ai cherché cette interprétation qui ne trahirait pas la sincérité du texte, mais qui l’amplifierait. Ce fut un travail de patience et d’exigence, entre hésitations et révélations. Trouver cette voix qui raconte sans artifice.
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir ce cheminement.
D’abord, le texte original, fragile et sincère, tel qu’il est né.
Puis, cette chanson, ces paroles, où les souvenirs prennent chair dans les vibrations des mots.
C’est un pont entre hier et aujourd’hui. Un hommage à ce qui fut, à ce qui reste. Une tentative de figer l’éphémère, de donner un peu de poids à ces souvenirs qui nous traversent.
Merci de prendre le temps d’écouter, de lire.
Et si ce texte ou cette chanson résonnent en vous, sachez que c’est dans cet écho que mes mots prennent tout leur sens.
Texte :
Sous ce lilas-là, Lili ne lisait pas l’Iliade.
Il n’y avait pas Homère,
juste grand-mère qui racontait sobrement
quelques pages de l’Odyssée de sa vie.
Son Pajotteland, son enfance…
Le temps d’antan que le vent emporte avait suspendu son vol,
nous laissant jouir de ces dernières heures propices.
Bientôt, tu partirais vers le réseau terminus,
me laissant ces quelques souvenirs qui étaient tiens
et sont devenus miens.
Dans une de ses chansons, Brel trouvait indécent
que ces faux amis ne meurent pas au printemps,
quand on aime le lilas.
Toi, tu es partie avec le printemps, me laissant là.
Nos chemins, tissés d’échanges, allaient bientôt se séparer.
Je quitterais bientôt l’appartement au-dessus de la maison où tu vivais,
et toi, tu finirais d’abord à l’hôpital,
où je constatais, à mon grand désarroi,
que la raison t’avait quittée et que tu vivais désormais confuse.
De ce lieu, tu passerais en maison de repos,
puis au cimetière.
Triste fin.
Depuis, chaque printemps me ramène à toi
avec ces bouquets de lilas.
Et leurs senteurs me font revenir à nos souvenirs.
Les musées que tu m’avais fait découvrir,
les escapades à Bruxelles,
les voyages d’un jour.
Les promenades dans la nature,
le long des chemins de terre et du canal avec la chienne Dolly.
Les gaufres et les crêpes au fin fond de l’hiver.
Parfois, des publications du Péruwelz d’autrefois me ramènent à toi.
Toi, femme de poigne,
femme à l’influence discrète mais efficace.
L’ironie suprême,
c’est d’entendre maman parler de toi aujourd’hui,
elle qui a déjà bien dépassé l’âge que tu avais atteint.
On croirait tous les démons dont elle t’affublait disparus.
Et quand je la regarde, je te vois en bien pire.Toi, au moins, tu étais honnête,
et tu n’avais pas de porte dérobée pour balancer ta vérité.
Chanson :
Intro – word spoken
Sous ce lilas-là… Lili ne lisait pas.
Pas l’Iliade, pas Homère.
Juste grand-mère…
Qui murmurait des fragments d’Odyssée,
Des souvenirs égarés, des instants figés.
Couplet 1
Ton “Pailloteland”, ton enfance déliée,
Suspendue dans l’air… le vent s’est arrêté.
Bientôt, tu partirais, discret terminus,
Me laissant des souvenirs, un peu tiens, un peu plus.
Refrain
Et chaque printemps me ramène à toi,
Sous ces lilas-là , j’entends ta voix.
Les musées, les rires, les jours suspendus,
Dans l’écho des fleurs, nos souvenirs ont plu.
Couplet 2
Bruxelles en vadrouille, les chemins du canal,
Dolly qui court, insouciante et royale.
Les gaufres, les crêpes au cœur de l’hiver,
Chaleur d’un instant, douceur éphémère.
Pont
Et Brel chantait l’indécence,
De ne pas mourir au printemps,
Toi, tu l’as fait… sans prévenir,
Laissant là… ce vide à ravir.
Refrain
Et chaque printemps me ramène à toi,
Sous ces lilas-là, j’entends ta voix.
Les musées, les rires, les jours suspendus,
Dans l’écho des fleurs, nos souvenirs ont plu.
Outro
Toi, femme de poigne, discrète, sincère,
Pas de détour pour dire ce qui est clair.
Sous ce lilas-là… je t’écoute encore,
Parfum d’absence… murmure d’or.
Fin