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A toi, éditeur aux dents de requin

De la rage au verbe : l’histoire d’une chanson inspirée par un éditeur sans scrupules


Introduction : Retour dans les années 1980
Il est des souvenirs qui restent gravés, des moments où l’enthousiasme s’effondre brutalement sous le poids d’une désillusion. Nous sommes dans ces années où, jeune adulte, je nourrissais une passion ardente pour l’écriture. Comme tant d’autres, je rêvais de voir mes mots prendre leur envol, imprimés dans un recueil qui trouverait sa place dans les bibliothèques et sur les tables des lecteurs.

Le mirage : Une lettre venue flatter l’espoir
À cette époque, un éditeur faisait beaucoup parler de lui sur une grande radio nationale en France. Publicités tapageuses, promesses mirobolantes : il savait jouer avec l’espérance des écrivains en herbe. Puis vint le jour où une lettre portant son sceau arriva entre mes mains. Le comité de lecture, disait-il, avait accepté de me publier. Imaginez mon exaltation : à 20 ans, tout semble possible, surtout lorsque les mots écrits avec cœur rencontrent, croyais-je alors, une reconnaissance méritée.

La chute : La découverte d’un compte d’auteur
Mais l’illusion fut de courte durée. En lisant plus attentivement, je compris que ce prétendu éditeur ne publiait qu’à compte d’auteur. La déception se mua en colère, la colère en rage, et cette rage, loin de m’anéantir, devint créatrice. Je me sentais trompé, abusé dans ma confiance de jeune écrivain avide d’un monde de littérature et de partage. Je découvris alors un univers où l’art cédait trop souvent à la logique de l’argent, où l’on exploitait les rêves au prix de l’innocence.

La naissance du texte : Une plume comme exutoire
De cette amère expérience est né un texte : Mirage, orage, éditeur de malheur. Avec des mots mordants et un ton cinglant, j’ai déversé mon ressentiment. Je voulais dénoncer ce que j’avais perçu comme une supercherie : un éditeur qui se pare des atours de la culture pour mieux piéger des auteurs en quête d’horizons nouveaux.

Le texte témoigne de cette époque où, malgré la blessure de l’illusion perdue, ma passion pour l’écriture est restée intacte. C’est l’ironie du sort : là où un éditeur avait échoué à me publier, il m’avait offert, bien involontairement, une source d’inspiration inépuisable.

La chanson : Quand le texte trouve sa voix
Des années plus tard, ce texte a pris une nouvelle forme : celle d’une chanson. Car les mots vivent bien au-delà de leur première existence. Ils voyagent, ils mûrissent avec nous, et parfois ils s’incarnent dans une mélodie. Cette chanson est l’héritière de mon indignation de jeunesse, mais elle résonne encore aujourd’hui comme une dénonciation intemporelle des illusions perdues et de la marchandisation de l’art.

Conclusion : Du passé à aujourd’hui
Je suis aujourd’hui âgé de 63 ans. Pourtant, ce texte résonne encore avec force. Non pas par la colère qu’il renferme, mais par ce qu’il représente : une mémoire vive d’un temps où je croyais à la pureté de la littérature, un cri contre ceux qui exploitent les rêves. Il est aussi, en filigrane, une invitation à rester vigilant, mais surtout à ne jamais cesser d’écrire, de créer, et de croire en la sincérité du verbe.

Ainsi, Mirage, orage, éditeur de malheur n’est pas qu’une critique : c’est une profession de foi envers la littérature authentique. Qu’importe les désillusions, la passion, elle, ne connaît ni éditeur véreux ni compte d’auteur.

A toi, éditeur aux dents de requin

À toi, éditeur aux dents de requin

Intro
Un mirage. Une foutue tempête dans un verre sale.
Voilà ce que tu es.

Refrain
Eh, ordure de l’écriture,
prends ce missile-missive dans tes dents !
Avec ce que tu voles,
au moins elles seront en or dur.

Couplet 1
Ta lettre, c’était du maquillage sur un vieux visage.
Un numéro de foire.
Pas une promesse, juste un leurre,
comme ces panneaux “paradis” au bord d’une décharge.

Couplet 2
Moi, pauvre idiot, je croyais encore à la littérature,
aux mots vivants,
à la passion qui te crame la gorge et te fait saigner les doigts.
Mais toi,
tu n’es qu’un foutu commerçant.

Pont 1
J’ai mis ma main dans ta marmite,
et c’est tout un banc de crabes qui m’a pincé les tripes.
Bravo, salaud. Tu as gagné.

Refrain
Eh, ordure de l’écriture,
prends ce missile-missive dans tes dents !
Avec ce que tu voles,
au moins elles seront en or dur.

Pont 2
Je voulais des océans,
des tempêtes, des horizons.
Mais toi, tu m’as balancé sur un radeau pourri
au milieu du grand néant de la médiocrité.

Couplet 3
Ton monde pue le fric.
Tes rêves sont des colonnes Excel.
Pas de feu, pas de vie,
rien que des lignes mortes sur un compte bancaire bien alimenté.

Pont 4
Alors merci pour la leçon, vieux requin.
Je préfère encore crever les mains dans le cambouis
que me noyer dans ton mensonge bien habillé.

Refrain
Eh, ordure de l’écriture,
prends ce missile-missive dans tes dents !
Avec ce que tu voles,
au moins elles seront en or dur.

Outro
Rappelle-toi qu’on ne joue pas avec les mots.
Qu’ils ont un poids, une valeur, un feu.
Et si toi, tu les prostitues,
nous, on les garde vivants.