Le lien entre le stress et la rupture soit par dépression soit par explosion.
Tout commence par un simple article lu via Facebook : “Les enseignants sont épuisés de devoir prendre plus de mille décisions chaque jour” (Lien : https://www.bienenseigner.com/les-enseignants-sont-epuises-de-devoir-prendre-plus-de-mille-decisions-chaque-jour ) qui met en évidence le nombre de choix et de décision que doit opérer un enseignant au quotidien et la, je me souviens soudain d’autres articles parus autour de la surcharge mentale qui décrit le phénomène où il faut penser à tout tout le temps (Lien : https://www.planetesante.ch/Magazine/Psycho-et-cerveau/Stress/Charge-mentale-quand-le-cerveau-epuise-le-corps ). Et je me dis qu’on n’est vraiment pas loin de décrire le même phénomène qui lui-même peut-être ramené plus simplement à une sorte de dissonance cognitive (plusieurs cognitions sont en contradiction en nous-même) qui ne trouvent pas d’équilibre satisfaisant et s’installent dans la durée (Lien : https://youtu.be/8FbQCQgqNFI ). Au même titre que cela rentre dans la catégorie du conflit intrapersonnel même si ce n’est qu’un aspect possible de différentes formes que peuvent prendre ce conflit.
Souvent, on parle d’émotions réprimées pour décrire ce qui amène à un clash ou à une décharge émotionnelle mais je crains que ce soit plus complexe que la simple émotion réprimée. Il ne faut pas confondre un problème de pipette avec un problème de casserole sous pression. La casserole sous pression c’est le phénomène du stress, la pipette, c’est l’endroit où la vapeur se libère. Et lorsque qu’on bouche une pipette soit la vapeur trouve une autre voie pour se transformer ou sortir soit elle déforme la casserole.
La voie la plus classique pour que sorte la vapeur est celle de l’agressivité et de la violence. L’agressivité ou la violence peuvent s’adresser à un tiers (objet ou personne) qui sert d’exutoire ou de bouc émissaire ou elle peut aussi se retourner contre nous-mêmes.
Cette expression de la violence peut-être individuelle ou collective, codifiée ou sauvage, … et à en lire les sociologues, psychanalystes, historiens et autres experts, le problème est très loin d’être neuf. Regardez l’histoire humaine, elle est jonchée de cadavres des victimes de ce langage des besoins qui ne sont plus remplis.
Cela semble remonté à la nuit des temps. Un triste exemple est le site de Potocani (actuellement en Croatie) où il y a 6200 ans environ approximativement 41 individus ont été exécutés et jetés dans une fosse commune (Lien : https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2021/03/archeologie-le-mystere-du-massacre-de-potocani). Cela n’a rien de neuf puisqu’un site similaire a été découvert à Halberstadt, en Allemagne et en France, à Achenheim, près de Strasbourg (Lien : https://www.franceinter.fr/histoire/violences-neolithiques-le-premier-crime-en-france-aurait-eu-lieu-en-alsace).
Dès que les circonstances ne permettent plus l’équilibre, une forme de sécurité matérielle ou psychologique, la violence se déchaîne si on ne parvient pas à la réguler. Le pis, c’est que la grande masse des individus lambdas n’est absolument pas consciente de ce phénomène qui les dépasse. Pourtant, la violence et l’agressivité nous accompagnent depuis les racines de notre arbre généalogique, c’est même elles qui expliquent notre statut d’espèce dominante pour ne pas dire invasive sur la terre.
Mais si la voie de la colère, de l’agressivité et de la violence est un classique, les autres émotions quelles qu’elles soient peuvent servir de point de déplacement. Ainsi la joie, les fêtes, les moments conviaux, de plaisir peuvent libérer cette tension, le plaisir pris dans les achats, la consommation, … . Vous voyez rapidement qu’il y a donc des moyens plus ou moins bien adaptés à l’homme et à la société de sortir le trop plein de stress. Mais plus ils y parviennent plus cela exerce un effet pervers, nous réussissons trop bien, notre population croit, les ressources s’épuisent et le stress remonte ainsi que la violence autorégulatrice.
Après avoir lu l’hypothèse de Desmond Morris (Le singe nu, 1971 et le zoo humain, 1970) qui suppose que depuis de l’homme s’est mis dans des système de vie en groupe très importants (villes, états, …) , ce que la sociologie appelle la massification, les ennuis se sont accentués. Je me suis rappelé une expérience décrite par Jean Dierkens lors d’un de ses cours après recherches, il s’agirait de celle de John B. Calhoun (Lien : https://sciencepost.fr/il-y-a-un-demi-siecle-une-theorie-sur-les-rats-predisait-leffondrement-de-la-civilisation-humaine/ ), en résumé en cas de surpopulation chez les rats, on voyait apparaître un cloaque comportemental (Lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cloaque_comportemental ). Les comportements décrits étaient hyper-agressivité, déficience dans l’élevage des jeunes, cannibalisme infantile, augmentation de la mortalité à tous les âges et habitudes sexuelles anormales. Souvent, la population atteint un pic puis s’effondre. Augmentation des maladies physiques, les maladies mentales et psychosomatiques, les troubles alimentaires. Cela ne vous rappelle rien ?
Le plus terrible, c’est que la réponse de la société à tous les désordres est souvent de regrouper et d’entasser pour des questions de rentabilité. Que l’accompagnement des personnes en difficulté consiste souvent à les regrouper, ce qui explique sans doute, la redoutable inefficacité des différents systèmes.
Au niveau psycho-social, nous sommes de plus en plus en pleine crise de ce que certains psychanalystes appellent la crise de l’autorité et de ce que je préfèrerais nommer, de l’incapacité à faire face à la frustration comme le souligne Jean-Pierre Lebrun (Un monde sans limites, 1997). Toute notre société pousse à la consommation sans en donner les moyens. Elle donne l’illusion que tout désir peut-être rencontré. Pourtant, il faut bien admettre que pour tout être humain, il est impossible de passer certains obstacles comme la mort, la vieillesse, la souffrance, … . Comme le souligne Jacques Attali dans Les Trois Monde, 1981), posséder des objets permet de passer l’agressivité mais c’est une quête sans fin et sans limites comme nous le montre Sébastien Bohler dans son livre le Bug Humain (2019). Il est vital d’apprendre que notre monde présente certaines réalités à appréhender, certaines limites qui ici et maintenant, même si on peut tenter de les repousser, s’avèrent à un moment donné infranchissables. Notre société de consommation et de “cons” sommateurs (car j’affirme que involontairement nous sommes dans une spirale qui nous pousse à devenir de plus en plus stupides), est franchement dans un déni de cette réalité. Donc à un moment donné, la personne frustrée, non préparée, part en crise et emprunte la voie de la violence.
La solution pour sortit de ce cycle infernal de la violence qui se retourne contre nous-mêmes est d’arrêter cette croissance à tout prix de la population et de l’exploitation des ressources. Il faut donner un coup de frein à notre expansion démographique et à notre mode de consommation sans fin. Mais on en est très loin !
La crise de la COVID-19 n’a rien arrangé, bien au contraire !
Nous sommes déjà dans des circonstances défavorables sans la pandémie mais les mesures de confinement, si elles permettent de tenir au niveau sanitaire, ont mis toute la pression sur la santé mentale, sans lui donner les moyens de sortir la vapeur retenue.
Le stress s’est encore plus accumulé, alors qu’avant la COVID-19, il était déjà important suite à la conjoncture économique et planétaire. Ici, cela va devenir intenable et je crains des escalades violentes ou des implosions (suicides, dépressions, …).
Les exutoires qui existaient se sont raréfiés, plus de sorties, de délassement, de sport, … ce qui permettaient de sortir le trop plein est le plus souvent interdit.
Quelles seront les conséquences de cette crise au niveau du stress et des exutoires ? Il va y avoir à mon sens une crise économique, des fermetures, des pertes de moyens, … . Bref nous sommes très loin d’être sortis de l’auberge !
Regardez autour de vous, trouvez-vous les personnes plus ou moins stressées qu’avant ? Plus ou moins agressive ? Plus ou moins dans la tendance à passer à l’acte ? Ne serait-il pas temps de se poser des questions ?
Je ne suis pas très optimiste, ce qui semble régner, c’est l’aveuglement et le mur, encore une fois me semble terriblement proche.