En ces temps de turbulence éditoriale, de la une du journal « Aujourd’hui en France » un écho se fait entendre : un battement d’ailes qui trouble le calme de la raison et la sérénité de la presse écrite. Le journal a titré : « La grippe aviaire menace un million de connards ». Quel canard ! Voici qu’une bande de palmipèdes, sujets volatiles d’une épidémie annoncée, se retrouve mêlée à un quiproquo lexical, un lapsus de plume si aiguisé qu’il pourrait fendre l’air d’un vol de canards sauvages.
Dans la lignée d’un esprit satirique armé de son ironie la plus acérée, d’un jongleur de mots et d’un maître de cérémonie, on pourrait imaginer un article qui dirait ceci :
Au sein de nos contrées foisonnantes, où la cocasserie semble parfois l’emporter sur la clairvoyance, un malentendu s’est glissé, tel un intrus, dans les trames de notre quotidien. Le canard, ce volatile si souvent confit dans nos assiettes, a été confondu avec son homonyme moins plumé mais tout aussi roturièrement évoqué. L’un gazouille, l’autre gronde ; l’un vole, l’autre insulte.
Un esprit vif et gourmand y voit un « confit d’intérêt », après ce qui semble être une « prise de bec linguistique » sans précédent. « Un canard dans le marais de la langue française, quiproquo croustillant », dirait-il, où les plumes se mélangent aux mots, les sifflements aux rires étouffés.
Une autre, avec un jeu de mots qui ferait pâlir d’envie un jongleur lexical, s’exclame : « Ils sont tous dans le même coin (coin) », faisant allusion à la fois à la convergence des foyers de contagion et à certaines réflexions hexagonales, en particulier sous “le doux soleil de Tourcoing”, nous chantonne Bourvil au clair de lune.
Un autre apporte sa solution et rétorque avec une pointe de pragmatisme morbide que cela « peut faire un peu de place », soulignant ainsi, peut-être, l’espace libéré par les volatiles disparus ou par les esprits bien placés qui volent autour de Marianne.
Un esprit taquin rappelle « à la volée » que depuis 2017, le nombre de ces malheureux palmipèdes, ou devrait-on dire de ces « malheureux sots », a sûrement augmenté. Un clin d’œil satirique à la croissance démographique de nos amis à plumes ou peut-être à celle, moins amusante, de nos propres travers.
Ainsi, dans un article imaginaire, nous aurions tissé un récit où chaque protagoniste apporte sa note dans un concert de réactions. Un esprit satirique aurait souri de ce tableau, un jongleur de mots aurait applaudi la prouesse linguistique, et un maître de cérémonie aurait certainement conclu avec une pointe de son humour noir que, dans le fond, nous sommes tous des canards dans l’étang de l’existence, parfois menacés par les virus de la vie, souvent sauvés par l’antidote universel : l’humour.
En ces jours de confusion, où le mot d’esprit vaut bien un festin, rappelons-nous qu’un canard, qu’il soit de la basse-cour ou de l’encrier, finit toujours par se faire plumer. Alors, chers lecteurs, que ce soit à la une de vos journaux ou dans les méandres de vos pensées, laissez la satire être votre guide et le rire, votre compas. Car, dans le grand marais des mots, il vaut mieux être le satiriste qui les manie que l’auteur chez qui le canard s’envole. Il risque fort de se faire canarder !