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L'art de rentrer dans le lard du sujet

La complainte de l’écrit vain

Dans la marche laborieuse des épreuves stoïques, ma pensée se fait hantée par la balade mélancolique de Maître Villon. Au gré d’une déambulation salvatrice, le cours du temps s’est trouvé suspendu. Et de cet instant figé, un bilan s’extirpe, cruel et insoutenable pour mon ego tourmenté.

Je ne suis point Hugo, mais j’ose encore prétendre.

Dans les rets de mes réflexions, je tisse une écriture propre à moi, un filin d’espérance qui, peut-être, viendra se pendre quelque part.

Mes mots, je les ai jetés dans le vaste océan du web, offerts en spectacle sur YouTube, tenté ma chance sur TikTok, Instagram, Facebook, mais je reste comme un spectre à peine visible. Tant à exprimer, tant à partager, et pourtant mes cris se perdent dans cette vallée de larmes, sans écho pour les rattraper. Quel démon m’habite, ce besoin dévorant de clamer mon âme au monde, ce désir fiévreux d’être entendu? J’ai tenté tout ce qu’offre notre terre, mais mon existence reste un murmure inaudible.

Ah! Si j’avais foi en un Créateur, peut-être trouverais-je enfin l’écho tant convoité de ma voix? Malgré mes efforts, malgré mon agitation, je reste un fantôme à peine discerné.

Entendez-vous ce moulin à pensées, tournant sans fin, qui résonne dans la pâleur des nuits, entre deux soubresauts de l’existence? Créer, m’exprimer, tel est mon besoin, mes bouteilles à la mer sont si nombreuses, mais les vagues restent sourdes, et mes appels restent sans réponse.

Ô poètes égarés, qui hantez les rues, après ma disparition, porterez-vous l’écho de ma voix? Tant d’efforts, tant de lutte, pour que mon existence demeure inaperçue. Quel alchimiste de la prose pourrait me révéler la formule secrète qui transcenderait ce silence et ferait retentir ma voix parmi les pensées des hommes?

J’ai gravé, j’ai ciselé, j’ai mélangé, j’ai expérimenté, et pourtant, je reste inaperçu. On dit que mes écrits ont de la valeur, mais lorsqu’il s’agit de trouver un acquéreur, l’indifférence se fait reine. Le silence se dessine déjà à l’horizon de mon parcours, mon œuvre trouvera-t-elle l’immortalité, je n’en sais rien, pour l’instant, je demeure dans l’ombre.

Quand j’entends les absurdités couronnées de succès, je comprends l’injustice de ce monde. En dépit de toutes mes tentatives, mes mots, mes actions, tout reste inaperçu. Un jour, la fin du voyage arrivera, et jusqu’au dernier souffle, je chercherai à briser mon invisibilité.

La vanité, dites-vous? Certes, je vous l’accorde. Mais sans écho des destinataires de mes messages, comment espérer encore, comment garder le courage intact?

Je ne quémande point les louanges des vivants, mais combien je brûle de voir mes messages, telle une étincelle divine, enflammer quelques cœurs, effleurer quelques esprits, se transmettre de cœur en cœur, de tête en tête. Ô combien j’ai aimé l’humain, mais son amour en retour semble me faire défaut.

Quel destin, quel fruit du hasard et des rencontres pourraient me faire émerger de cet océan d’inexistence ? Les frêles esquifs de mes pensées restent invisibles à l’horizon de l’humanité.

On prétend que le succès exige du temps, mais ce temps, à mes yeux, s’apparente à une éternité. Moi qui ai tant lutté, tant espéré, je contemple, las, la vaste mer de l’indifférence. En miroir de mes efforts, rien d’autre que le reflet déformant de ma solitude. Oh, combien amère est la saveur de l’effort sans récompense!

Mais puisque je ne suis pas Hugo, mais simplement moi, je chemine. Je trace ma voie dans l’ombre de mes illustres prédécesseurs, en quête de l’écho perdu de ma voix. Et je continue, malgré le silence, malgré l’oubli, car l’écriture est ma boussole et ma voix, mon seul viatique.

C’est donc là ma complainte, celle de l’écrit vain, mais qui, malgré tout, persiste et signe, comme une flamme vacillante dans l’obscurité, l’espérance d’un écho, le rêve d’une oreille attentive à l’autre bout du monde. Peut-être qu’un jour, mes mots trouveront écho dans le silence, et que mon cri, loin de demeurer vain, résonnera enfin dans l’infini de la poésie.

Pascal Rivière aidé de Victor Hugo et de Chat GPT 4

La complainte de l’écrit vain