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Le psychologue du quotidien

Quand nous nous considérons comme punis …

Tout commence par un clic anodin sur un article qui parle du sort des visons et surtout des élevages de visons, ne soyons pas hypocrite, en cette période de COVID.
Facebook a le génie de laisser s’étaler les propos de la pensée lambda et la mon regard tombe sur une phrase : “C’est l’homme qui est puni de l’exploitation honteuse qu’il fait des ressources de la planète !”. Et la, mon sens ne fait qu’un tour !
Un émotion agressive vient de jaillir de mon cerveau du bas réveillant mon cortex et l’enjoignant de mettre en mots ces maux pour le dire !

Il faudrait peut-être arrêter de penser la terre et l’univers en termes de récompenses et punitions !

Si je vous dis qu’il y a 4,468 milliards d’années, notre terre a été heurtée par un planétoïde nommé Théia, de la taille de Mars, me direz-vous que cette jeune terre de 100 millions d’années a été punie ?
Non. Du moins, je l’espère pour votre santé mentale.
Si je vous dis qu’il y a 66 millions d’années les dinosaures sont disparus de l’impact d’un astéroïde ou d’une comète dans ce qui est actuellement la péninsule du Yucatan et que c’était probablement le pire endroit de la planète où tomber, me direz-vous que les dinosaures ont été punis de s’être mal conduit depuis plus de 242 millions d’années ?
Non, du moins, je l’espère toujours pour vos facultés intellectuelles.
Si je vous dis qu’un pauvre hindou a eu un coup dur et fatal attribué vraisemblablement à un petit météorite et qu’il y avait selon Mark Boslough, physicien des impacts planétaires, des chances de l’ordre de 1 sur 100 milliards de prendre un débris cosmique sur la tête, me direz-vous qu’il a été puni ?
La avouons que les tendances vont commencer à se diviser.
Je suis certain que quelques cerveaux éclairés de lampes à huile fumeuses ne vont pas tarder à fouiller sa vie et trouver les inévitables fautes qu’il aurait commises, expliquant par là même le terrible châtiment !
Avez-vous déjà vu un seul homme dont la conduite a été toujours exemplaire et dénuée de la moindre faute ? Que celui qui le prétend me jette la première météorite !

Tout le monde commet une erreur à un moment donné ou à un autre qui cause intentionnellement ou involontairement du mal à autrui ou au bien d’autrui. Aucun de nous n’y échappe. Ce n’est tout simplement pas possible.

Notre évolution dans la vie, nos apprentissages, reposent sur des décisions, des expériences faites d’essais avec des réussites et des erreurs. Et il y en a qui causent des dégâts collatéraux.
Mais plus les conséquences sont graves, plus il devient difficile de ne pas tomber dans le piège des automatismes extrêmement tenaces de cette pensée rétributive issue du grand mythe de pouvoir et de soumission à l’autorité.

Pour vous mettre au courant, il y a des choses sur lesquelles nous avons prise et d’autres sur lesquelles nous n’avons pas prise. Ce n’est pas de moi, consultez les grands penseurs de l’antiquité et regardez plus loin que l’horizon de la pensée occidentale, vous retrouverez la même maxime.

Il y a d’abord les choses sur lesquelles nous avons prises : nous nous les expliquons et nous sommes capables d’agir dessus. Il est possible que depuis peu, nous ne sachions plus agir dessus mais nous cherchons la solution. L’exemple qui me vient est le vaccin pour la grippe qui a été trouvé et doit être adapté chaque année. Il y également les choses totalement nouvelles mais pour lesquelles nous cherchons la solution pour les maîtriser. Le meilleur exemple, c’est ce qui s’est passé avec la COVID. Nous tentons alors d’avoir prise, nous appliquons la résolution de problèmes avec plus ou moins de succès. Elles nous donnent de sérieuses prises de tête pour parvenir à franchir les obstacles qui se dressent devant nous. Parfois nous réussissons, parfois nous échouons.
Mais il y a des choses sur lesquelles nous n’avons pas prise ou d’explication et là, les ennuis commencent !
Face à ce qui nous dépasse, nous retombons en enfance.
Comme l’enfant maltraité placé en institution se dit qu’il est là, parce qu’il s’est mal conduit, qu’il a trahi ses parents, nous cherchons, dans une faute commise, la cause et le remède à nos malheurs !
Mais pour quiconque de sensé placé qui observe de l’extérieur, cet enfant est la victime pas le coupable.
Ah ressorts de la culpabilité, combien on pourrait compter les attitudes, désirs, intentions et comportements inadaptés que vous nous faites commettre !

Mais d’où viennent-ils ? De notre éducation pardi ! Et d’où vient notre éducation ? De notre société ? Elle est constituée de personnes plus ou moins éduquées par des personnes qui habituellement ont fait ce qu’elles ont pu pour nous faire nous adapter à la vie en société et en général !
C’est l’Ouroboros de la chaîne humaine de la vie ! Encore faut-il que ce cycle ne se mue pas en un boa “sui perniciosius”, celui qui finit par s’avaler lui-même !

Pourtant l’homme exploite l’homme, la chaîne alimentaire s’est muée en chaîne de l’exploitation des plus faibles par les plus forts. Des démunis par les nantis. Cette chaîne maudite qui nous enchaîne, c’est l’éducation qui la transmet. Pas l’éducation en soi, mais une partie de ce qu’elle transporte, elle-même issue des automatismes de notre cerveau lui-même bâti sur les fondations du monde animal où règne la loi de la jungle !
Si nous pensons si fort en terme de récompenses et punitions ce n’est pas simplement attribuable à certaines religions et philosophies, c’est dû aux noyaux de nos programmes inconscients et automatiques que notre cerveau a stocké au fil de notre évolution et qui nous ont fait réussir jusqu’à aujourd’hui mais quand je regarde l’histoire à quel prix de souffrances pour le plus grand nombre.

Ne vous dites pas en écoutant Clio que ce sont toujours les mêmes mauvaises chansons qu’on nous matraque ? Oh, les personnages changent, il y a quelques variations mais à part ça, quand on entend les débuts, on peut prédire la fin.

Comme dans « Les animaux malades de la peste », de Jean de la Fontaine, je vais vous conter l’histoire des gens impuissants face aux coups d’un destin parfois prévisible, parfois imprévisible, souvent aléatoire qui attribuent ce qui leur arrive à une faute. Soit la faute est commise par un tiers : “le bouc émissaire”, soit elle est commise par nous-mêmes et nous cherchons laquelle pour changer notre comportement et obtenir le salut !

Si nous prenons un mauvais coup du destin, cela peut-être dû à notre comportement mais aussi simplement au hasard et il convient de ne pas mélanger l’un et l’autre et surtout d’aller mettre je ne sais quelle puissance métaphysique derrière la deuxième possibilité.
Ce qui m’échappe, je n’y peux rien mais je vais devoir faire avec.
Arrêtons de chercher une punition venant d’en haut ou un responsable expiatoire trouvé en bas !
Reprenons notre intelligence, notre bienveillance et notre calme, gérons notre stress pour regarder la réalité en face et essayer de la comprendre pour trouver la meilleure solution possible.
C’est cela qui doit être la nouvelle quête du genre homo.